L'affaire est digne d'un polar. Huit marins de la SNCM, dont un ex-responsable CFTC, et une vingtaine d'autres accusés sont jugés pour trafic d'armes et de drogues en lien avec le grand banditisme depuis ce mercredi 10 juin.
Soupçonné d'avoir été le pivot du trafic, Camille Abboche, 45 ans, alors secrétaire général adjoint de la CFTC à la Société nationale Corse Méditerranée, avait été interpellé en 2013 après deux ans d'enquête et écroué à la prison de Luynes (Bouches-du-Rhône). Il doit être entendu lundi prochain.
Neuf autres individus sont également détenus dans ce dossier, qui verra comparaître au total 29 personnes pour "trafic d'armes" ou "association de malfaiteurs en lien avec un trafic d'armes et trafic de stupéfiants". La SNCM, compagnie maritime historique pour le trafic entre la Corse et le continent, s'est portée partie civile.
Après avoir lu les charges mercredi matin, la présidente Emmanuelle Bessone a commencé par entendre l'un des marins, David Payet. Elle a tenté d'arracher des explications sur les rencontres de ce marin de 39 ans, qui comparaît détenu, avec d'autres protagoniste. Mais celui-ci a fermement nié les éléments tirés des surveillances policières.
"Vous vous trompez Mme la présidente !", a-t-il plusieurs fois lancé, tempêtant à l'évocation d'un témoignage qui l'incrimine.
Les marins sont accusés d'avoir participé, contre rétribution, à un trafic d'armes et de drogue via les bateaux de la compagnie. Ils profitaient, selon les enquêteurs, d'un défaut de surveillance des navires pour introduire la drogue et les armes à bord.
"Christophe Abboche, à la faveur de ses activités syndicales et professionnelles, usait de ses relations pour organiser le transport à destination de la Corse", selon l'accusation. Celle-ci met en exergue l'existence "(d')une organisation structurée assurant le transit de drogue et d'armes au profit de clients corses parmi lesquels des groupes de malfaiteurs".
Pour l'accusation, le responsable syndicaliste, exclu de la CFTC après sa mise en examen, était au coeur du dispositif pour garantir "le passage sécurisé" de la marchandise. Il avait notamment libre accès à tous les ports, après le départ des douaniers.
Les enquêteurs soupçonnent même Abboche et un complice, Christophe Anziani, sous mandat d'arrêt à l'époque et vivant dans la clandestinité, d'avoir projeté d'assassiner deux frères corses. Le second aurait mandaté le premier pour déclencher à distance une charge explosive sous une voiture. "Pas de souci, tu peux compter sur moi, c'est bon", avait répondu Camille Abboche au téléphone.
Un projet criminel "témoignant de l'insertion" des deux hommes "dans le milieu particulier de la grande délinquance organisée", selon les enquêteurs.
En garde à vue, Camille Abboche avait uniquement admis "avoir accepté, par amitié de faire passer en Corse des sacs ou des véhicules".
Une défense mise en mal par les nombreuses écoutes téléphoniques effectuées à de son domicile, démontrant, selon l'accusation, que "celui-ci pouvait à l'occasion faire office de véritable salon de démonstration pour la vente d'armes".
80.000 euros en liquide, de la cocaïne et de nombreuses armes à feu, notamment au domicile et dans le bureau de Camille Abboche à la SNCM, ont été saisis durant l'enquête.
Le procès doit durer jusqu'au 3 juillet.
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