Des journaux sans voix ce jeudi 26 mai, ou du moins sans papier puisque les quotidiens nationaux sont absents des kiosques mais disponibles gratuitement pour certains sur leur site internet. Un seul quotidien national est en fait en vente ce matin chez les marchands de journaux et c'est l'Humanité. C'est le seul que la CGT du livre a laissé imprimer, c'est aussi le seul à avoir accepté de publier une tribune de Philippe Martinez pour expliquer le combat de la CGT.
Les autres ont refusé et notamment l'Opinion, "cette date du 26 mai restera, écrit Nicolas Beytout, comme un de ces moments où l'on peut avoir honte de ce qu'est devenue l'action syndicale". La CGT a bloqué l'impression des journaux qui avaient refusé de publier sous la contrainte un tract appelant le gouvernement à retirer la loi Travail. "Cette intrusion scandaleuse du syndicat dans les contenus des médias doit être dénoncée comme une déplorable atteinte à la démocratie."
Les mots sont forts aussi en une du Figaro où s'affiche non pas la tribune mais le visage de Philippe Martinez. "L'homme qui veut mettre la France à genoux" et Yves Thréard dans son édito parle même de "dictature cégétiste". "Qui se cache derrière la moustache de Philippe Martinez, s'interroge-t-il? Un nostalgique de Staline et de la lutte des classes?".
Voie sans issue pour Patrick Apel-Muller dans l'Humanité : "Le pouvoir se rapproche du fond de l'impasse." "N'y a-t-il aucun moyen de mettre fin au conflit par la négociation?" demande gentiment Laurent Joffrin dans Libération qui rappelle que la pomme de discorde c'est l'article sur le temps de travail négocié par les entreprises. "L'objet de la controverse est important mais circonscrit dit Joffrin", qui peine à croire que cette affaire valent le blocage d'un pays entier. Il serait sain d'y réfléchir. "L'intelligence collective suppose que chacun y mette du sien", écrit aussi Jérôme Fenoglio dans le Monde. Mais alors qui commence?
Sans doute pas Manuel Valls droit dans ses bottes qui a choisi selon Matthieu Verrier de La Voix du Nord "'l'interminable bras de fer plutôt que l'impossible dialogue." Yann Marec dans le Midi-Libre parle lui "d'un Premier ministre très seul", personne ne vient à sa rescousse et surtout pas François Hollande, qui ferait en fait ses calculs. Une stratégie à trois bandes est peut-être en train de se mettre en place. Essorer le Premier ministre qui pourrait mourir avec sa loi, nommer Macron à Matignon et ainsi couper les ailes d'un poulain affamé. C'est machiavélique mais dans les allées du pouvoir tout est envisageable.
Lire aussi ce matin l'excellent article du site Slate qui dénonce le terrorisme lexical de ces derniers jours, Olivier Besancenot en a parlé sur RTL. "Cessons de prendre le langage en otage", clame Jean-Laurent Cassely, qui n'en peut plus d'entendre ou de lire ce vocabulaire martial, la "dictature cégétiste" risque de lui plaire. "Certes, dit-il, bloquer l’approvisionnement de carburant revient à faire suprêmement chier la vaste majorité des gens, mais réservons les mots de la violence armée à leur univers référent."
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