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Léa, 15 ans, manipulée par les recruteurs jihadistes pour faire des attentats en France

Une adolescente de 15 ans raconte au "NouvelObs" comment elle s'est laissée endoctriner par la propagande des recruteurs jihadistes sur internet, notamment pour "faire des attentats à la Merah" sur le territoire français.

Les membres d'un groupe djihadiste, en Syrie. (illustration)
Crédit : AFP
Benjamin Hue
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"Quand on est fiché à la frontière, ils nous mettent la pression pour qu'on fasse des attentats kamikazes ou 'à la Merah'". Ces mots sont ceux de Léa, une adolescente de 15 ans (dont le nom a été changé) qui s'est laissée entraîner dans les méandres de l'Islam radical. Interrogée par Le Nouvel Obs, elle raconte comment elle s'est laissée emporter par la propagande jihadiste sur Internet

Un endoctrinement éclair

Tout commence par un message Facebook. Bonne élève, issue d'une famille aisée et non-croyante provinciale, Léa poste un statut sur le réseau social dans lequel elle exprime son mal-être. "Un jour où je ne me sentais pas très bien, j'ai laissé un message disant que j'aimerais bien pouvoir me faire pardonner toutes mes bêtises. Des gens m'ont ajouté dans leurs amis et sont venus me parler", raconte la jeune fille.

Rapidement, les messages s'intensifient. De plus en plus de gens provenant des milieux intégristes viennent à elle sur Facebook.  "Ils m'ont envoyé des vidéos sur les enfants gazés par Bachar al-Assad, sur les mensonges des politiques, sur l'islamophobie", confie-t-elle. "Ils m'ont dit que je pouvais venir aider en Syrie pour faire de l'humanitaire et qu'il n'y avait rien de mieux au monde que de se faire pardonner au Levant".

Un mari et un rendez-vous avec des passeurs

En deux mois, l'endoctrinement fait son effet. Léa se convainc qu'elle est "l'élue pour accomplir une mission" et souhaite gagner la Syrie pour venir en aide aux populations opprimées. "C'est très facile de trouver un passeur. On les appelle ou on leur donne un numéro de téléphone sur internet. Ils m'ont expliqué qu'il fallait d'abord que j'aille en Turquie, que je me marie là-bas puis que je tombe enceinte pour qu'on puisse m'emmener en Syrie avec l'enfant".

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Très vite, l'adolescente se fait désigner un mari et fixer un rendez-vous avec des passeurs. Léa mène alors une double vie, fait semblant d'aller à l'école. Mais son projet avorte lorsque ses parents découvrent dans son ordinateur la teneur de ses discussions. Interceptée alors qu'elle tente de rallier la Syrie, elle se fait alors placer sous mesure éducative par un juge pour enfant et se voit interdite de sortie du territoire. 

Faire un attentat "à la Merah"

Léa fait croire à ses proches qu'elle a mis un terme à ses tentations jihadistes. Mais en réalité, la jeune fille, désormais placée sur écoute, continue d'échanger des messages avec ses recruteurs jihadistes. "Mes parents me demandaient si j'avais changé. Je leur disais que oui. Mais en fait, c'était pire. Sur Internet, ils me disaient : "Dis-leur que tout va bien, que tu as arrêté tout ça. Ils finiront par te lâcher et tu seras tranquille".

La pression de ses recruteurs s'intensifie. "Un jour on m'a dit : "C'est mort, avec ce que tu as sur le dos, tu ne pourras jamais venir. Alors maintenant, il faut passer à l'acte en France", explique-t-elle. "Ils ont commencé à me montrer des vidéos des enfants morts en Palestine, à me parler de la nécessité d'agir contre les juifs. Quand on est fiché à la frontière, ils nous mettent la pression pour qu'on fasse des attentats kamikazes "à la Mérah". J'avais trouvé le lieu, le moyen de me procurer des armes"

Le temps des regrets

Léa est finalement arrêtée par les policiers de la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI) au mois de septembre. Elle a raconté son parcours lors d'une intervention au Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l'Islam (CPDSI) il y a quelques jours. Elle dit avoir pris conscience de son endoctrinement et exprime des regrets. "J'ai du mal à assumer que je me suis fait avoir. Je m'en veux d'avoir pu moi aussi entraîner d'autres filles sans le faire exprès. Je voulais tellement partir. Maintenant, certaines vont mourir là-bas, peut-être à cause de moi".

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