"Le prix Nobel illustre le temps d'avant", prévient Pascal Praud

"Ah je devine vos intentions : moderniser (l'horrible mot !) l'institution, inventer le prix Nobel de la bêtise qu'on décernerait à qui vous savez, ou le prix Nobel du buzz qu'on attribuerait à tous", lance Pascal Praud, qui avertit : "Ne comptez pas sur moi pour cette forfaiture". Pour le journaliste, "le prix Nobel illustre le temps d'avant, le temps long : on travaille des années à l'abri de la fureur du monde (...), dans l'indifférence, dans le secret, dans la persévérance, et un jour on décroche la timbale, quelques semaines avant le cercueil".

"Avant, l'excellence impliquait la célébrité. Aujourd'hui, la célébrité signifie l'excellence", se désole-t-il. "On a inversé le processus", ajoute Pascal Praud. "Je ne connaissais pas cette Svetlana Alexievitch, prix Nobel de littérature que personne n'a lue - au contraire de Michel Drucker, qui écrit toujours le même livre depuis vingt ans", avoue-t-il.

"'Toi, t'es pas un prix Nobel !', me disait mes parents lorsque j'étais enfant. C'est certain, mais ce n'est pas pour cela qu'il faut le changer", conclut le journaliste.