Cybersécurité : le ministère des Finances a piraté ses fonctionnaires
REPLAY - Il s'agit d'une vraie fausse opération de fishing qu'a mis en place le ministère pour sensibiliser à la menace d'une éventuelle cyberattaque.
C'est une histoire digne d'un 1 avril : le très sérieux ministère des
Finances qui pirate ses agents. L'histoire est racontée ce mardi 3 octobre dans Le Figaro éco. Tout commence hier matin : les 145.000 fonctionnaires de Bercy
reçoivent des emails signés Jean-Baptiste Poquelin, Thérèse Desqueyroux ou
encore Emma Bovary. Le courriel en question les invitait à gagner des places de
cinéma. Les places en réalité n'existent pas, et pour cause, il s'agit d'une
vraie fausse opération de fishing. Une sorte d'arnaque à l'e-mail de grande
ampleur. Le ministère des Finances entendait ainsi sensibiliser ses agents à la
menace 2.0, à une éventuelle cyberattaque.
Le piège, en tout cas, a
fonctionné puisque plus de 30.000 personnes ont cliqué sur les liens entre 10
heures et midi. 30 000 en 2 heures, ça fait plus d'un agent sur cinq. Au lieu de
décrocher le cadeau annoncé, ils ont tous vu s'afficher une page web comprenant
les recommandations d'usage sur les e-mails et les précautions à prendre : ne
pas ouvrir n'importe quel lien par exemple. On verra si cette expérience leur a
servi de leçon. Le ministère a prévenu, il y aura d'autres opérations du
genre.
Une autre guerre est également à la une de vos journaux, bien
plus meurtrière celle-ci. La guerre contre l'horreur après le massacre du 2
octobre à Las Vegas, après l'attaque de Marseille dimanche. "Plus de 9.000 km
séparent ces deux villes, écrit Éric Pelletier dans Le Parisien. Il y a un monde
entre le parvis de la gare Saint-Charles et la haute silhouette de l'hôtel
Mandalay Bay. Marseille/ Las Vegas, en apparence, ajoute-t-il ces attaques n'ont
rien de commun, ni le parcours du tueur, ni l'arme utilisée, ni le bilan.. Elles
sont pourtant liées par une même marque de haine. Cinq lettres de sang,
Daesch."
Portrait de Laura, une des victimes de Marseille
"Folies
meurtrières", au pluriel, titre le journal qui met ce 3 octobre côte à côte les
photos de ces jeunes qui fuient l'horreur à Vegas et les visages des deux
étudiantes poignardées à mort à Marseille. Laura et Mauranne. Laura, dont on
découvre ce matin un long et beau portrait dans Le Progrès. Originaire de
Rillieux-la-Pape, tout près de Lyon, cette jeune fille aux grands yeux bleus
allait avoir 21 ans dans quelques jours.
Portrait d'une jeune fille engagée et travailleuse, elle aimait s'occuper des
autres, c'est sans doute pour cela qu'elle avait choisi de devenir infirmière.
Sans doute aussi pour cela qu'elle s'occupait le reste du temps de deux groupes
de scouts. "Elle était au service du bonheur des enfants", dit son responsable.
"Tous les témoignages montrent qu’elle aimait faire don de soi pour les
autres", insiste Alexandre Vincendet, maire de Rillieux où les drapeaux sont en
berne depuis hier.
"Le choc", c'est le titre de Libération ce 3
octobre et cette photo qui vaut tous les commentaires du monde. Image de ce
chapeau de cow-boy, sans doute tombé sur le trottoir dans la panique hier à Las
Vegas.Image qui tranche avec celles qu'on peut voir notamment à la une de la
presse américaine ce matin. Ces gens qui courent au milieu des corps. "Le
carnage américain", titre le Daily News. Le Daily Telegraph lui rebaptise ce
matin Las Vegas, Lost Vegas. Des récits glaçants également dans la matinale du
Monde notamment. Celui d'une mère et sa fille qui assistaient au concert. Elles
racontent les premiers "poc poc poc" que tout le monde a pris au départ pour des
pétards, puis les rafales de fusils-mitrailleurs. "On était comme des canards
devant un chasseur. Je me demandais combien il y en avait", raconte Cindy, la
mère. Pendant de longues minutes, les deux femmes sont restées blotties sous la
scène. "Quand on s'est levées, il y avait des corps partout".
Les entreprises fabriquant des armes ont bondi en bourse, après la fusillade de Las Vegas
Des témoignages, des photos et un chiffre tout aussi glaçant
: 11 652. C'est le nombre de morts par armes à feu aux États-Unis depuis le
début de l'année. 11 652 en moins de 10 mois dans un pays qui compte plus de 310
millions d'armes à feu en circulation. "Cette fusillade, explique le journaliste
Gary Younge, était prévisible. Quand dans un pays, les enfants de moins de cinq
ans tuent deux personnes par semaine, la population doit avoir une discussion
sérieuse sur ce que signifie assurer la sécurité publique." Et l'auteur
d'ajouter : "La sécurité publique, c'était l'un des thèmes de campagne de Donald
Trump." Hier soir, "la Maison-Blanche a fait savoir, conclut Libération, que
rouvrir maintenant le débat sur les armes à feu était prématuré".
Le
massacre de Las Vegas, aussi surprenant que cela puisse paraître, fait les
affaires des fabricants d'armes. C'est ce qu'explique le quotidien Les Échos. Les entreprises du secteur cotées à Wall Street ont bondi en bourse hier. +6.29%
pour Sturm Ruger, +7% pour la société mère de Smith and Wesson. Les marchés,
explique le quotidien économique, s'attendent à une hausse des ventes d'armes
aux États-Unis. C'est le cas après chaque tuerie de masse. Certains seront
poussés à acquérir un fusil avant l'éventuelle entrée en vigueur d'une nouvelle
régulation. D'autres le feront par peur, pour mieux se protéger. On aimerait
bien que cela ne soit qu'une mauvaise blague, hélas, c'est très sérieux.
