Bonjour à tous !
A la une de l’heure du crime aujourd’hui, les disparitions
d’enfants non élucidées, malgré la détermination des enquêteurs et les moyens
parfois considérables déployés sur le terrain par la police ou la gendarmeri.
Estelle, Marion, Maddie, Annaïs, des prénoms d’enfants
disparus mystérieusement, parfois depuis de nombreuses années, mais qui sont
toujours dans les mémoires et qui font périodiquement à nouveau la une
de l’actualité à l’occasion de rebondissements qui raniment l’espoir de leurs
proches d’aboutir enfin à la vérité.
Malheureusement, il s’agit souvent de fausses pistes.
Les enquêtes sont au point mort. Mais les rumeurs continuent
à courir sous forme de points d’interrogations : Accidents maquillés,
réseaux pédophiles bénéficiant de hautes protections, tueurs en séries déjà
incarcérés pour d’autres affaires, et qui gardent le silence ?
Comment savoir ?
Mon invité Karl Zéro a repris les dossiers, les synthèses
d’enquêtes, les pistes abandonnées, et il est retourné sur le terrain, sur les
lieux où les drames se sont déroulés.
Jacques Pradel
Le
3 mai 2007 à Praia da Luz au Portugal, la petite Maddie McCann disparait alors
que ses parents dinent dans un restaurant à une centaine de mètres de leur
maison de vacances. Selon les déclarations des parents, le père est allé, vers
21h, voir ses trois enfants. Tout allait bien. Vers 21h45, les parents rentrent
du restaurant et découvrent le lit de Maddie vide. La fenêtre et les volets de
la chambre sont ouverts. La gendarmerie est prévenue une heure plus tard. Les
gendarmes, le personnel du complexe, des habitants de Praia da Luz, tout le
monde cherche la fillette pendant une partie de la nuit alors que la police des
frontières et les aéroports sont en alerte.
Quelques
jours plus tard, le 9 mai 2007, Interpol diffuse une alerte mondiale à tous ses
membres.
Les
mois et les années passent. De multiples pistes sont étudiées : l'intervention
d'un pédophile étranger, la culpabilité des parents… Sans résultats.
En
mai 2009, coup de théâtre, le policier portugais chargé de l'enquête Gonçalo
Amaral publie un livre (Maddie, L'enquête
interdite) où il révèle les conclusions des enquêteurs : Maddie serait
morte dans l'appartement et son cadavre caché.
Alors
que l'enquête est close au Portugal, les parents de la fillette lancent un
nouvel appel à témoins en novembre 2009, avec des portraits vieillis.
Début
mai 2011, Scotland Yard relance l'enquête grâce à une nouvelle piste : deux
hommes incarcérés en Ecosse pour pédophilie, Charles O'Neil et William
Lauchlan. Ils se sont beaucoup déplacés en Europe, notamment au Portugal à
partir de 2006. De plus, Charles O'Neill ressemble au suspect aperçu en train
de rôder autour du complexe touristique portugais où se trouvait la famille
McCann.
Fin Janvier 2014, la presse britannique annonce
l'arrestation imminente de trois suspects qui appartiendrait à un réseau de
cambriolage. Une information démentie par Scotland Yard.
Entre 1995 et 2001, la ville de Perpignan connait une série
de disparitions inquiétantes qui semblent liées entre elles. Quatre jeunes
filles au physique similaire disparaissent dans le quartier de la gare,
vraisemblablement abordées et emmenées de force par un automobiliste : Tatiana
Andùjar le 24 septembre 1995, Mokhtaria Chaïb le 21 décembre 1997, Marie-Hélène
Gonzales le 16 juin 1998 et Fatima Idrahou le 9 février 2001. Mis à part
Tatiana Andújar, dont le corps n'a jamais été retrouvé, toutes les victimes ont
été découvertes mortes et dénudées. Les corps de deux d'entre elles ont été
atrocement mutilés. Les effets personnels de toutes les victimes n'ont jamais été
retrouvés.
Sur
les indications d'un témoin, un certain Marc
Delpech est interpellé et finit par avouer le meurtre de Fatima Idrahou
qu'il connaissait pour avoir fréquenté le magasin où la victime était
caissière. Le corps de la jeune femme est retrouvé sur les bords de l'étang de
Canet, à deux pas du domicile du tueur présumé. Le 18 juin 2004, Marc Delpech
est condamné à 30 ans de réclusion criminelle par la Cour d'Assises des
Pyrénées Orientales pour l'enlèvement, le viol et le meurtre de Fatima Idrahou.
Des soupçons pèsent sur lui concernant les trois autres crimes. On a découvert
à son domicile des coupures de presse relatant les quatre meurtres ainsi qu’une
troublante ébauche d’un roman policier intitulé "Tatiana" et
contenant très précisément les circonstances de l’enlèvement de Tatiana
Andújar. Il n'est toutefois pas poursuivi pour les autres disparitions.
Marc
Delpech n'est pas la seule personne sur qui pèsent des soupçons. Depuis 2010,
les enquêteurs s'intéressent à l'implication possible de l'Espagnol Esteban Reig,
un tueur psychopathe qui s’est suicidé en détention en 2002. L'homme connu pour
ses accès de violence, avait été condamné pour le meurtre de son colocataire. Fait
troublant : il vivait à Perpignan au moment des disparitions de Mokhtaria
Chaïb et Marie-Hélène González en 1997 et 1998 et fréquentait le quartier de la
gare, particulièrement le Café Figuerres. Selon des confidences faites à ses
compagnons de cellule, ainsi qu’à sa fille, il aurait reconnu avoir tué et
dépecé deux femmes à Perpignan, ajoutant qu'il préférait "les brunes, cheveux longs, assez typées, pas trop grandes,
réservées", exactement le profil des quatre disparues.
En
2013, l'affaire n'est toujours pas close. Marc Delpech a été condamné pour le
meurtre de Fatima Idrahou, mais les deux autres suspects sont morts. Esteban
Reig s'est suicidé et Andrés Palomino
a été assassiné en Espagne.
Le
meurtrier de Tatiana, Mokhtaria et Marie-Hélène pourrait toujours être dans la
nature. En octobre 2013, des empreintes génétiques ont été mises en évidence
sur plusieurs des objets saisis à l'endroit où Marie-Hélène Gonzalez avait été
retrouvée morte. Elles ne correspondraient pas à celles d'Andres Palomino Barrios, longtemps suspecté de ce meurtre.
Le 9 janvier 2003, Estelle Mouzin, 9 ans, disparaît sur le
chemin du retour de l'école à Guermantes. La dernière fois que quelqu'un l'a
aperçu, c'est devant la boulangerie, alors qu'elle rejoignait le domicile de sa
mère Suzanne, en instance de divorce avec Éric Mouzin. Sa mère signale la
disparition d'Estelle au commissariat local peu après 19h. S’en suivront dix
années de recherches. Dix années d’attente et d’espoirs déçus. Les centaines de
perquisitions et d’auditions menées par la brigade criminelle de la police
judiciaire de Versailles sont restées vaines.
Mais un récent témoignage inédit pourrait relancer l’enquête,
actuellement dans l’impasse…
Jean-Claude Petit, un ancien agent du service voirie de
Bussy-Saint-Georges, ville limitrophe de Guermantes, aujourd’hui retraité dans
le Bordelais, sort du silence. C’est après avoir regardé une émission sur
l’affaire Estelle, qu’il s’est souvenu de déclarations de certains de ses
collègues, les jours suivants la disparition de la fillette. " Le soir où
Estelle Mouzin a disparu, il a neigé et il faisait froid. On a salé les rues
jusqu’à 2 heures du matin ", se souvient Jean-Claude Petit. " Le
lendemain, le vendredi 10 janvier, l’un des agents d’astreinte a dit : La nuit dernière, vers 2 heures, j’ai vu
Seddik M. qui traînait à la ferme de la Jonchère (NDLR : où la ville
entreposait le sel, près de Guermantes), près d’une benne à ordures. Ça m’a étonné car
il n’était pas d’astreinte… " Ce fameux Seddik, qui
travaillait lui aussi au service voirie, passait pour " un être ingérable
et parfois violent, ne se gênant pas pour lancer des menaces sexuelles à l’adresse
des collègues femmes ", précise Jean-Claude Petit. " Mais il y a
autre chose. Le lundi suivant, l’un des gars des ateliers nous a confié : On a emprunté ma camionnette, elle a fait
800 km ce week-end et dans le vide-poches, j’ai retrouvé un ticket de sortie
d’autoroute au Havre! " Cela fait 11 ans que les enquêteurs cherchent
une camionnette blanche, signalée à l’époque par une collégienne. Mais la
vérification de ces éléments par les enquêteurs de la cellule Estelle sera
difficile, puisque la camionnette a été revendue depuis longtemps et que
l’homme mis en cause s'est pendu en septembre 2009, après avoir été visé par
une procédure disciplinaire. Les enquêteurs de la police judiciaire de Versailles
ont cependant déclaré vouloir suivre cette nouvelle piste.
Entre 1984 et 2005, 11 jeunes filles disparaissent dans un
périmètre très restreint en Saône-et-Loire. Toutes les victimes sont de sexe
féminin, entre 13 et 22 ans, et certaines se ressemblent physiquement. Mais les modes opératoires ne se ressemblent
pas, ce qui est extrêmement rare pour un tueur en série. L'affaire est d'autant
plus inquiétante que, durant cette période, trois tueurs en série sont passés
par cette région : Emile Louis, Michel Fourniret et Francis Heaulmes.
Depuis 1984 le mystère reste entier, et les crimes du triangle
infernal restent donc impunis. Les familles des victimes attendent toujours des
réponses. A aucun moment les enquêteurs n'ont fait le moindre rapprochement
entre ces disparitions pourtant semblables. Il faudra attendre 2009 pour que
ces affaires soient confiées à deux magistrats référents. Autre élément
accablant : le traitement de certains scellés, qui ont été détruits ou
simplement oubliés dans de sombres recoins des palais de justice du
département. Quant aux enquêtes, bâclées ou survolées, elles n’ont pas respecté
les règles élémentaires de l’investigation. Aujourd’hui toutes ces affaires
sont relancées.
Anaïs, 10 ans, est enlevé le 14 janvier 1991 vers 18h à la
sortie de l'école. L'enlèvement s'est déroulé en pleine rue, à Mulhouse, durant
les 700 mètres qui la séparait de son appartement. Des fouilles intenses auront
lieu, sans succès. Le dimanche 21 avril, un couple de promeneurs retrouve son
corps au col de Bussang, entre la limite du Haut-Rhin et des Vosges. L'autopsie
révèlera que l'enfant est morte asphyxiée.
L'assassin, qui n'a jamais été retrouvé, a adressé des
missives à plusieurs reprises. Il y revendique l'enlèvement, puis le meurtre d'Anaïs
dans un style qui laisse fortement à désirer. Sa première lettre est adressée,
le 27 mars 1991, aux élèves de la classe de CM2 d'Anaïs. Il écrira ensuite à
plusieurs journalistes.
Un répertoire photographique a été dressé par les autorités
hollandaises à partir d'un cédérom contenant plus de 10 000 images séquences
pornographiques appartenant à un pédophile néerlandais Gerrit Ulrich, assassiné
en 1998 et originaire de Zandvoort. Ce fichier, contient 470 photographies de
jeunes enfants qui apparaissent dans ce cédérom et contient les portraits de 14
pédophiles. Il reste pourtant inexploité par les autorités néerlandaises, car
les images seraient trop floues et trop anciennes.
Après la mort du pédophile, les enquêteurs ne cherchent pas plus
loin et concluent à une piste veine. Gerrit Ulrich ne serait qu'un amateur solitaire
de ce genre de vidéos. Pourtant, à Zandvoort, la société informatique Cube Hardware,
commercialisait notamment des cassettes pédophiles. Ses responsables étaient en
relation avec les organisateurs de croisières de luxe, tarifs tout compris, y
compris la fourniture d’enfants, à bord du yacht Apollo. Il arrivait que ce
voilier embarque des " clients " à Bordeaux. Destination la Hollande,
via l’Angleterre. Sur le carnet d’adresses de Gerrit Ulrich, nous avons relevé
des contacts en Hollande, bien sûr. Mais aussi en France (voir article
ci-contre), en Grande-Bretagne, en Espagne, en Suède, aux USA, en Bulgarie, en
Ukraine, en Pologne et en Lettonie. Et des références bancaires à l’Europabank
for Reconstruction and Development, à la Banque nationale d’Ukraine, au Crédit
agricole, au Crédit lyonnais et à la banque espagnole Banesto.
Le fait de figurer sur le carnet d’adresses d’un criminel ne fait pas de
vous son complice. Mais celui de feu Gerrit Ulrich révèle un vaste champ de
relations. Autant de faits qui constituent de graves présomptions sur
l’existence d’un réseau international. Pourtant aucune investigation
internationale sérieuse ne semble avoir été menée. Le réseau Zandvoort reste
toujours opérationnel.
L’affaire Gerrit Ulrich a été traitée comme presque tous les dossiers qui
l’ont précédée. Les réseaux pédophiles ? Des fantasmes de journalistes. Il
n’existerait que des actes individuels. En Belgique, après le dessaisissement
du juge d’instruction Connerotte, l’enquête sur l’affaire Dutroux a été réorientée.
Elle vise désormais à présenter Marc Dutroux comme un détraqué sexuel isolé. Un
enterrement royal pour éviter que l’enquête ne remonte trop haut. " Nous
assistons probablement, à l’avènement d’un concept, celui de criminalité
protégée ou légitime ", écrit le juge Connerotte au roi des Belges en
janvier 1996. Il dénonce " le dysfonctionnement judiciaire érigé en
véritable institution " et garantissant l’impunité des criminels. Le juge
Connerotte avait déjà été dessaisi de deux dossiers très sensibles, dont celui
de l’assassinat du ministre André Cools.
Ces jours-ci, la Grande-Bretagne découvre avec effroi l’ampleur d’une
affaire de sévices à connotation sexuelle, infligés à quelques 650 enfants dans
les centres d’accueil du pays de Galles. Plus de cent témoignages ont été
recueillis. 80 adultes, mis en examen, devraient être jugés. Les noms de deux
députés et d’un membre de la Chambre des lords ont été prononcés. L’assistante
sociale qui avait osé dénoncer ces pratiques avait été licenciée en 1986. Ce
scandale a perduré pendant vingt-cinq ans.
Dans le contexte de l’étouffement de l’affaire Dutroux, et pour
briser la loi du silence, une militante de l’association Morkhoven, Gina
Bernaer, quarante et un ans, travailleuse sociale, a fait parvenir au Cide
(Comité international pour la dignité de l’enfant) à Lausanne, en Suisse, une
copie du cédérom de Gerrit Ulrich. Elle a également révélé avoir mis la main
sur une cassette de snuff-movie, un film sans trucages, au cours duquel la
petite victime est mise à mort. Le Cide ne recevra jamais cette vidéo. Gina
Bernaer est morte. Un accident de voiture dans la nuit du samedi 14 novembre
1998, à quatre kilomètres de son domicile. On n’a relevé aucune trace de
freinage avant l’impact du véhicule contre un pont. Dossier classé sans suite.
http://www.crifip.com/mediatheque/dossiers-pedocriminels/le-fichier-de-la-honte-zandvoort.html
Invité : Karl Zéro, journaliste, auteur du
livre Disparues (Ed. L’Archipel)
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