Immigration : "Ils n'arriveront jamais à rendre l'Europe étanche", dit un bénévole de Calais

REPORTAGE - Le ministère de l'Intérieur se félicite de ses résultats contre les filières d'immigration clandestine. Mais à Calais, on estime que cela ne fera qu'augmenter les prix des passeurs.

Des policiers au milieu des migrants sur le port de Calais le 5 août 2014

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Les autorités françaises ont annoncé le démantèlement de 150 réseaux d'immigration clandestine sur les premiers mois de l'année. C'est 20% de plus que l'an dernier, ce qui leur permet de défendre leur bilan en matière de lutte contre l'immigration illégale. Mais à Calais, les arrivées se poursuivent et les files d'attente s'allongent.

"Certains soir ils sont entre 900 et 1.000, et tous ne viennent pas manger ici", témoigne Christine, une bénévole calaisienne. Ici, ils sont en majorité érythréens et soudanais. "Quand vous voyez le nombre de bateaux qui arrivent en Italie... il en arrivera de plus en plus", juge-t-elle.

Un jeune érythréen raconte son périple de chez lui à Calais, via l'Italie. Fuyant la guerre, il a tout perdu : pas d'argent pour payer les passeurs, pas de passeport. Un Afghan, plus expérimenté, a déjà fait plusieurs tentatives pour traverser la Manche. "Il n'y a pas de travail et c'est chacun pour soi. La police nous rend les choses difficile", raconte-t-il.

L'impossible contrôle des frontières

Les militants associatifs ne se font guère d'illusions quant à la gestion politique du dossier. "Ils sont en train de la construire leur saloperie d'Europe forteresse", dit Valentin, un autre bénévole.

Pour lui, aucune chance que les politiques de fermeture des frontières aient la moindre efficacité. "S'ils rendent le passage plus compliqué, les passeurs demanderont plus d'argent. Jamais ils ne réussiront à rendre l'Europe étanche. On parle de la vie d'êtres humains, qui prennent plus de risques pour atteindre leur but. Quand tu as tout perdu, tu n'es plus à ça près", analyse-t-il.

Dans la soirée, quelques centaines de réfugiés ont manifesté spontanément pour réclamer de meilleures conditions de vie.