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Faut-il revoir la lutte contre les islamistes radicaux en prison ?
Un rapport de la contrôleuse générale des prisons critique la gestion de l'administration pénitentiaire dans la lutte contre les détenus islamistes radicalisés.
Philippe Robuchon
Crédit : Romain Boé
On refait le monde avec :
- Ivan Rioufol, éditorialiste au Figaro
- Xavier Couture, producteur
- Denis Tillinac, écrivain
- Clémentine Autain, directrice du trimestriel Regards
Depuis les attentats de 2015, tout le monde sait que la lutte contre le terrorisme passe par la lutte contre la radicalisation en prison. Seulement voilà, au delà du constat, les actes ne suivent pas, ou pas assez. C'est ce que dit, en substance, la contrôleuse générale Adeline Hazan dans un rapport. Trois contrôleurs ont visité plusieurs prisons et y ont tout observé : les détenus, la sécurité, le culte. Et partout, ils arrivent à la même conclusion : compte tenu aujourd'hui des moyens de l'administration pénitentiaire et compte tenu surtout du nombre très élevé de détenus islamistes, ça ne peut pas marcher, en tout cas, pas sur la base des premières expériences.
Pour Clémentine Autain, cet état des lieux "vient confirmer le fait que pour lutter contre la radicalisation, il y a besoin de moyens, de réflexion". Selon elle, il faut "du ciblage, des moyens publics et non pas de la restriction budgétaire, et du flicage généralisé". La directrice du trimestriel Regards s'attaque à la stratégie de Manuel Valls qui n'a pas suffisamment analysé la situation dans les prisons et en particulier "les effets pervers de ces cellules d'isolement".
Cesser le "déni"
Ivan Rioufol juge "sidérant", pour sa part, "l'état d'impréparation" des prisons. "On sait pourtant qu'il y a une flambée d'islamisme, mais il y a eu une volonté de ne pas voir les liens entre la délinquance et le djihadisme ou que les musulmans de culture représentent une grande majorité dans les prisons". L'éditorialiste du Figaro indique qu'un parlementaire avait subi de vives critiques après avoir affirmé, il y a quelques années, que 60% de la population carcérale en France était musulmane. Ivan Roufiol persiste, "il faut s'interroger pour savoir pourquoi il y a une telle surreprésentation".
Xavier Couture tacle également "un déni assez mortifère". Pour le producteur, ce rapport "pose encore une fois la question de la manière dont la France se défend face à ce type d'agressions". Selon lui, pour "intégrer la communauté musulmane, il ne faut pas être dans le déni d'une réalité dramatique". Concernant les islamistes radicaux dans les prisons, il s'interroge sur deux solutions : ou bien les regrouper, au risque de "créer des foyers de radicalisation supplémentaires", ou bien ne pas le faire et ainsi "laisser la maladie se répandre dans le corps carcéral". Xavier Couture admet ne pas savoir quelle est la "solution idéale".
