Défilé de camions remplis de déblais, ordures ménagères sur certains bords de
routes et décharges aux odeurs nauséabondes : la Seine-et-Marne, considérée comme la
poubelle d'Ile-de-France, n'en veut plus et a décidé de réagir avant l'arrivée
des tonnes de déchets du Grand Paris. La solution devrait être votée par le Conseil régional vendredi 19 juin, après une
course contre la montre des élus pour endiguer la vague de déblais des travaux
du Grand Paris Express. Avec 200 km de voies à creuser et 68 gares à construire,
le chantier va générer environ 40 millions de tonnes de déblais à l'horizon
2030.
L'enjeu est de taille. Pour le département, plus que pour n'importe quel
autre en Ile-de-France, le combat contre les poubelles de toutes sortes est
quotidien. En 2013, le département a reçu 80% des déchets de la région, selon les
chiffres de la préfecture, et un an plus tôt, 98% des déchets inertes
d'Ile-de-France, soit 6,34 millions de tonnes, y ont été acheminées.
"On est entouré de poubelles, il y a des monticules partout", s'exclame une
septuagénaire dans la file d'attente d’une boulangerie à Claye-Souilly, dans le
nord-ouest du département, à une quarantaine de kilomètres à l’est de la
capitale. "J’habite ici depuis 1977 et ça n’arrête pas".
"Pour cacher les déchets ils plantent des arbres, ils font quelque chose de
soi-disant naturel, mais c’est vraiment de la misère cachée", déplore une mère
de famille de Fresnes-sur-Marne, la commune voisine.
Vaste plateau à l’origine, le département a vu pousser ces dernières années
de nombreuses collines, pouvant aller jusqu’à 65 mètres de hauteur, de déchets
de chantier inertes soigneusement recouverts de végétation. Ni vu, ni connu, les
déchets collent à la peau de la Seine-et-Marne.
Avec 5.915 km² de superficie, soit près de la moitié de l'Ile-de-France, et
75% de communes comptant moins de 2.000 habitants en 2011, la Seine-et-Marne
est un terrain idéal pour le stockage des déchets de la région parisienne, en
particulier de Paris et sa petite couronne, en manque d'espace."En s’installant aux alentours des petites communes, les sociétés savent
qu’elles pourront plus facilement étendre leur zone de stockage, ce qui ne
serait pas le cas à côté d’une zone urbaine", explique Franck Rolland,
secrétaire départemental d’Europe Ecologie Les Verts et membre de l’association
stopdechets77.
L’espace existe pourtant aussi dans le Val-d’Oise, au nord de Paris, et dans les Yvelines, à l’ouest. "En Seine-et-Marne le réseau écologiste est moins fort que dans le Val-d’Oise, par exemple, pour contrer l’afflux des demandes des sociétés. Cela vient en grande partie du profil social. Quand on a du mal à boucler la fin du mois, on ne s’occupe pas de ça, on a plus de mal à se mobiliser", observe l’élu.
Pour changer la donne, un moratoire de trois ans interdisant l’ouverture de nouvelles installations de stockage de déchets inertes (ISDI) et l'extension des onze existantes sera soumis à adoption dans le cadre du Plan régional de prévention et de gestion des déchets issus des chantiers du bâtiment et des travaux publics (Predec).
"Notre objectif est de faire en sorte que ce ne soit pas toujours les mêmes
qui trinquent", a assuré mardi devant la presse le président de la région
Jean-Paul Huchon. En ligne de mire: le rééquilibrage du stockage des déchet. "Je dis souvent que l'Ile-de-France est penchée du côté de la Seine-et-Marne,
comme si de son côté c'était trop lourd", résume la vice-présidente d’EELV au
conseil régional, Corinne Rufet. Si le Predec est adopté, la Seine-et-Marne sera certaine de ne plus
enregistrer des statistiques records, puisque même après le moratoire,
l'arrivage de déchets dans le département sera plafonné à 4 millions de
tonnes.
Mais si le fléau des déchets inertes était en grande partie géré dès
vendredi, il reste encore à la Seine-et-Marne toutes sortes de démons
nauséabonds. Plusieurs affaires de stockage illégal ont été révélées ces dernières années,
notamment en décembre 2014, lors de la découverte d'un hangar agricole rempli de
déchets toxiques à Vaudoy-en-Brie.
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