Le ministre de la Justice
Jean-Jacques Urvoas avait prévenu en juin dernier devant la commission
d’enquête de l’Assemblée nationale sur la lutte contre le terrorisme :
"Tout est à faire" en terme de renseignement pénitentiaire. Avec plus
de 500 détenus incarcérés pour terrorisme (400 pour "terrorisme
islamiste"), et plus de 1.500 autres détenus qu'on estime
"radicalisés", il y avait urgence à repenser tout le réseau pour que
les informations remontent mieux, pour qu'elles soient centralisées, triées
puis analysées.
Ce sera la mission du "Bureau
Central du renseignement pénitentiaire" qui voit le jour ce 1er février.
Désormais, les services pénitentiaires entrent officiellement dans la
communauté du renseignement. "Une vraie révolution culturelle"
derrière les barreaux, confirme un haut cadre des services. Car en intégrant le
cercle fermé de la famille du renseignement, un certain nombre de ses agents
auront accès à ses techniques : sonoriser des cellules, réaliser des écoutes
téléphoniques, installer en détention des IMSI-catchers : ces valises, capables
d'aspirer, dans un certain périmètre, toutes les données des téléphones
portables, sans que les détenus ne s'en rendent compte. Des téléphones
portables qui pullulent en détention: 26.000 ont été trouvés lors de fouilles
en 2016.
Une quarantaine de personnes seront
en poste au Bureau Central d'ici la fin de l'année. 83 dans les cellules
interrégionales, épaulés par des traducteurs, notamment arabophones, ainsi que des spécialistes informatiques. L'Académie du renseignement, très réputée, a
d'ailleurs ouvert ses portes pour former certains de ces cadres, signe d'une
volonté de professionnalisation de la surveillance.
Tous ces agents seront désormais
habilités "secret défense", en lien direct avec les autres services
de renseignement du pays : la DGSI (direction générale de la sécurité
intérieure), la DGSE (direction générale de la sécurité intérieure), les
renseignements territoriaux.
L’obsession de ces nouveaux
espions : les évasions, le risque terroriste, "sans oublier le grand
banditisme", insiste Géraud Delorme. Ce directeur de prison pilote
depuis 6 mois la réforme du renseignement pénitentiaire : "Près de 500
personnes sont incarcérées pour criminalité ou délinquance organisée, ce qui
est un pendant du terrorisme islamiste, ce volume là de personnes ne doit pas
être oublié. Les établissements pénitentiaires connaissent aujourd'hui des
risques, qui ne sont pas seulement liés au terrorisme."
Ces agents de l'ombre ne seront pas
au contact des détenus. Ce travail de terrain reste dans les mains du délégués
local du renseignement, chargé de rassembler incognito toutes les informations
soufflées par ses collègues, mais aussi de lire une partie du courrier jugé
"sensible", et d'écouter certaines conversations enregistrées sur les
cabines téléphoniques de la prison.
Des efforts ont été fait en terme
de recrutement, mais pour la plupart des surveillants désignés dans chaque
prison comme délégué local du renseignement, cette mission ne reste qu'une
tâche parmi d'autres : 143 personnes ne travaillent qu'à temps partiel sur cette
collecte d'information au quotidien, tout en étant par exemple chef de
bâtiment. 43 seulement sont à temps complet. Dans ces conditions, repérer un
comportement inquiétant sur le long terme "tient parfois du miracle"
grimace un surveillant gradé, quand un homme, par exemple, est en charge du
renseignement pour près de 3.000 détenus à Fresnes.
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