"Valls-Mélenchon, deux conceptions pas conciliables", décrypte Alba Ventura

Les insultes ont fusé ces derniers jours entre Manuel Valls et Jean-Luc Mélenchon. On a entendu "islamo-gauchiste" d'un côté, "nazi" de l'autre. Querelle d'hommes ou débat de fond ? Les deux. Il y a d'abord une joute entre mâles alpha, entre deux meilleurs ennemis, deux anciens de chez Rocard ayant tous deux travaillé pour Lionel Jospin à l'époque où il était premier ministre. Deux anciens élus de l'Essonne - l'un député, l'autre sénateur - qui se vouent une détestation, presque une haine, depuis que Manuel Valls est devenu ministre de l'Intérieur.

D'un côté, vous avez un Jean-Luc Mélenchon qui, avec sa France Insoumise, est dans une dérive politique. Il est dans la stratégie de l'insulte. Les socialistes, qui l'ont bien connu, disent ne pas le reconnaître. "Il est fou de sa propre image", dit Michel Sapin. François Hollande, en coulisses, estime qu'il y a toujours eu une gauche révolutionnaire. Mais là, avec Mélenchon, "on est au-delà", dit-il", en ajoutant : "Il attise les tensions, il attise la violence".

De l'autre côté, vous avez un Manuel Valls qui n'est pas mécontent d'instrumentaliser ses désaccords avec lui. Valls qui retrouve un terrain de chasse, qui d'une certaine manière se refait une santé. Vous avez peut être vu apparaître ces derniers jours sur le réseau Twitter le signe de ralliement "La bande à Valls". Ça le fait exister. Valls qui est un "social-traître" pour Mélenchon (qui n'était pas encore allé jusqu'à le traiter de "nazi", maintenant c'est fait). Mélenchon qui est pour Valls un danger qui hystérise le débat.

Deux visions antagonistes

Derrière cette rivalité, il y a plus que de l'inimitié et de la concurrence. Il y a une vraie fracture politique. Manuel Valls considère, de manière inflexible, qu'il faut affronter la réalité en face, qu'il faut dénoncer la communautarisation qui a cours dans la société française depuis plusieurs années maintenant. Il est dans une vision laïque presque agressive. C'est un laïcard militant, un peu comme François Baroin à droite. C'est-à-dire qu'on ne doit rien laisser passer, car tout est fait pour s'en prendre à la République. Ce n'est pas nouveau chez lui : souvenez-vous de sa bataille contre le Franprix halal de sa ville d'Evry (c'était en 2002).

À lire aussi

US Open

US Open : pourquoi un millionnaire polonais a fait scandale à cause d'une casquette

De l'autre côté, il y a Jean-Luc Mélenchon et ses Insoumis qui estiment que le communautarisme n'est pas un problème, qu'en parler est discriminant, qui pensent que si les filles portent le voile c'est parce qu'on les a rejeté. Danielle Obono a dit plusieurs fois "Je ne suis pas Charlie". Dans les troupes de Jean-Luc Mélenchon, on trouve des gens qui clament "À bas Israël", avec la même violence qu'ils éructent "Mort aux flics". Vous avez là effectivement deux visions antagonistes. Deux conceptions absolument pas conciliables.

À écouter aussi

RTL Midi

ANTISÉMITISME - La présence du RN à la marche civique provoque l'embarras

08/11/2023 à 13:00 - 05m21s