Primaire de la droite : pourquoi Sarkozy charge autant Bayrou

Les appels d'Alain Juppé en direction des centristes commencent à agacer Nicolas Sarkozy. François Bayrou ne cesse de rappeler qu'il soutient l'ancien premier ministre pour la primaire Les Républicains. Le 19 octobre, il rappelait sa "place" ou son "rôle" dans la campagne du favori des sondages. "Je crois qu'Alain Juppé, qui a choisi de proposer une solution politique nouvelle pour le pays, reconnaît la force ou la présence ou l'impact de chacun de ceux qui le soutiennent, et naturellement chacun de ceux qui le soutiennent trouvera sa place dans le futur dispositif", a-t-il déclaré à l'antenne de RTL. 

Cette analyse n'est pas du goût de Nicolas Sarkozy, qui a adressé un avertissement très franc à François Bayrou, mais aussi à Jean-Christophe Lagarde, ce jeudi 20 octobre. C'est durant un meeting en Corse que le candidat à la primaire de la droite et du centre a lâché ces mots : "Je n'aime pas les gens qui participent à une compétition et qui en contestent les règles (...) Je dis simplement à François Bayrou et à Jean-Christophe Lagarde que si on soutient un candidat à la primaire, on s'engage à respecter la règle de la primaire. Et si jamais ce n'était pas le candidat qu'ils soutenaient qui gagnait, eh bien ils devraient respecter la règle de la primaire. C'est ça, la loyauté", a asséné l'ancien président, au micro d'Europe 1. 

Et si l'ancien chef de l'État charge le président du MoDem, c'est parce qu'il ne digère pas que ce dernier ne l'ait pas soutenu lors de l'élection présidentielle de 2012. L'avertissement est sans équivoque. Dans le collimateur, d'abord, François Bayrou, le président du MoDem, auquel Nicolas Sarkozy n'a jamais pardonné son soutien à François Hollande en 2012.

Il y avait Taubira, il y a eu Najat Vallaud-Belkacem et maintenant, c'est Bayrou

François Bayrou à "L'Express"

Selon Le Figaro, "il est sûr que cet épisode ne les a guère rapprochés mais leurs mauvaises relations sont nettement plus anciennes et étaient sur la place publique durant tout le mandat de président de Nicolas Sarkozy entre 2007 et 2012. N'oublions pas qu'en 2007, François Bayrou n'avait pas appelé, déjà, à voter pour Nicolas Sarkozy". Le président du MoDem marquerait son hostilité afin "de bien s'ancrer à droite tout en 'acceptant' les centristes de l'UDI qui eux-mêmes se définissent comme de centre-droit, donc 'acceptables' dans la stratégie sarkozyste.

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François Bayrou, qu'il l'ait souhaitée ou non, bénéficie de cette hostilité pour raffermir sa stature d'homme politique national et, peut-être, de concurrent de Nicolas Sarkozy lors de la présidentielle de 2017", ajoute le journal. François Bayrou expliquait à L'Express faire partie des personnes dans la ligne de mire de Nicolas Sarkozy : "Il y avait Taubira, il y a eu Najat Vallaud-Belkacem et maintenant, c'est Bayrou". Dans un entretien à Atlantico, François Bayrou indique que "les pouvoirs de Nicolas Sarkozy sont considérables. Mais, en vérité, ces pouvoirs ne vont pas jusqu'à me dicter ce que je dois faire (...) Cette mise en demeure est donc déplacée, comme si souvent les déclarations de son auteur (...) Je me détermine uniquement en fonction de ma conscience et de l'idée que je me fais de l'avenir du pays"