On a entendu dire que François Hollande allait prononcer le plus grand discours de son quinquennat. En tout cas, c'est une occasion en or pour le faire. Ce n'est pas tous les jours que l'on convoque la patrie, la laïcité, la fraternité, l'héroïsme, le rassemblement, le vivre-ensemble, la parité, la Nation, la République, la France éternelle….
Et puis l'esprit de Résistance et vous savez combien la Résistance est extrêmement consensuelle. Alors, il peut bien y avoir quelques polémiques. Les communistes reprochent au Président de ne pas avoir fait entrer une résistante issue de leurs rangs, d'autres ont critiqué le choix de Jean Zay, auteur dans sa jeunesse d'un poème contre le drapeau français, jugé anti-militariste…
Mais prononcer un discours Place Des Grands Hommes sous cette coupole du Panthéon, qui abrite plus de 200 ans d'Histoire, c'est convoquer notre patrimoine commun. Cela reste un moment chargé de solennité, de gravité. Si j'ose dire c'est toujours tout droit.
Certains diront que ce discours est du pain bénit pour Président. Oui et non. Parce que ce n'est jamais facile de prononcer un grand discours, un grand discours sur l'Histoire. On sait que François Hollande est toujours bon dans les commémorations, il a eu plusieurs fois l'occasion de le démontrer, de l’Île de Sein au plateau de Notre-Dame-de-Lorette dans le Nord-Pas-de-Calais, aux cérémonies du Débarquement, celles de 14-18, jusqu'à la Libération de Paris. Il a beaucoup commémoré le Président.
Mais vous savez, un discours commémoratif c'est à pile ou face. Il peut n'en rester pas grand-chose ou alors il peut rester dans les annales. Souvenez-vous de Jacques Chirac au moment des commémorations du Vel d'Hiv. Sa plume de l'époque, Christine Albanel, lui avait écrit un discours commémoratif assez classique. Et pourtant, ce discours est resté comme le discours dans lequel la France a reconnu sa responsabilité dans la déportation des juifs. Ce jour-là, Jacques Chirac a fait l'Histoire !
Mais l'Histoire n'est pas toujours facile à manier. On peut vous accuser de récupération. Nicolas Sarkozy en sait quelque chose lorsqu'il décide de faire du Plateau des Glières son lieu de pèlerinage ou de rendre hommage à Guy Moquet....
Et puis lorsque l'on se lance dans un grand discours, de surcroît au Panthéon, il y a toujours le risque que l'on vous compare. Et au Panthéon, il y a eu un grand discours, celui d'André Malraux : "Entre ici Jean Moulin"… Pas facile d'être à la hauteur.
François Hollande va chercher à écrire son quinquennat. Vous savez dans le quinquennat de François Hollande jusqu'à présent, il y a deux absences : absence de résultat et absence de récit. Le Président ne parvient pas à donner du sens, à raconter sa politique, à expliquer ce qu'il fait, dans quel esprit… Et c'est après cela qu'il court. Jusqu'ici le seul grand discours que François Hollande a prononcé, c'est le discours du Bourget, mais il n'était pas Président, il était candidat.
Et souvenez-vous au moment des attentats de Charlie Hebdo et l'hyper casher de la porte de Vincennes, il s'est exprimé plusieurs fois le Président, quatre fois. Mais le discours que l'on a retenu à ce moment-là, c'est celui de Manuel Valls, le 13 janvier à l'Assemblée nationale, à un moment clé, à un moment où l'on attendait des mots.
Pour un Président, c'est essentiel de mettre des mots sur sa politique. À condition de le faire sans arrière-pensées, sans grosses ficelles. L'Histoire dira si c'était un grand discours ou, comme le dit cruellement l'historien Pierre Nora, "un gadget mémoriel".
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