François Hollande vu par ses proches à mi-mandat

Comment François Hollande vit-il cette présidence émaillée de crises politiques et personnelles ? Cette impopularité abyssale ? Ces critiques accablantes ? Réponse de son vieux copain, aujourd'hui ministre des Finances, Michel Sapin : "Il le vit comme une injustice, profondément. Mais comme l'injustice qui va avec l'exercice du pouvoir, pas comme une injustice qui lui serait personnelle. Donc, il est plutôt dans celui qui trouve que les choses sont injustes mais qu'il faut faire face. Que ça ne change rien. Que quand on est là, on est là. Que quand on a des responsabilités, on les assume."

Le président ne se plaint pas

François Hollande relativise dans le fond, mais il est tout de même touché. Ce que confirme Julien Dray. "Au fond de lui-même, ça doit certainement peser. Il doit certainement vivre ça comme une blessure mais il fait tout pour ne pas le montrer", dit le vice-président de la région Île-de-France, et longtemps proche du chef de l'État.

Il s'agace de la lenteur de la mise en oeuvre des décisions

Michel Sapin

François Hollande s'épanche-t-il sur la façon dont on parle de lui ? "Sa manière d'être est justement de ne pas en parler, et surtout pas de plaindre", dit Michel Sapin. "Se plaindre de quoi ? De la bêtise des autres ? Par contre, quand une critique est exprimée sur une position, sur une action, oui là il est attentif. Lorsque ce sont des commentaires sur sa personne, écoutez, il n'en parle même pas", ajoute-t-il.

On sait en revanche qu'il s'impatiente de ce que ça n'avance pas plus vite. Il s'agace de la lenteur de la mise en oeuvre des décisions. C'est quelque chose qui le frappe beaucoup depuis qu'il est à l'Elysée, et qu'il pourrait d'ailleurs évoquer à la télévision pour plaider sa cause.

"Un éternel optimiste"

François Hollande se pose-t-il des questions sur ses choix ? Le ministre de l'Agriculture Stéphane le Foll, qui le connaît bien aussi, a longtemps hésité avant de répondre : "Je pense qu'il a un caractère qui fait qu'il dépasse le doute vite. Il a ce besoin vital de considérer que ce qu'il est en train d'engager, ce qu'il est en train de faire, et, par conviction, par volonté, ça finira par porter ses fruits et que le jugement changera."

"Le jugement changera". Ça, c'est fondamental pour comprendre comment François Hollande fonctionne. Quoi qu'il se passe, il est convaincu que ça s'arrangera. "Il essaye, comme il le dit lui-même d'ailleurs, de ne pas avoir une mémoire de l'événement. Donc, il se dit : demain est un autre jour", affirme Julien Dray. "Il a raison, c'est ça la vie. François Hollande, c'est un éternel optimiste. Donc, comme c'est un éternel optimiste, il pense toujours que tant qu'il y a de la vie il y a de l'espoir parce qu'il y a du combat."

Il pense toujours que tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir parce qu'il y a du combat

Julien Dray

Toujours, le Président affiche cette résistance qui peut déconcerter. Est-ce que ça surprend son ancien copain de régiment, Michel Sapin ? "À la fois c'est étonnant parce que faire face à un vent contraire pendant un an, puis pendant un an et demi, puis pendant deux ans. Mais enfin, au fur et à mesure que le temps, l'endurance est d'autant plus puissante et donc, cette endurance, elle peut étonner. En même temps, quand on connaît François Hollande, au fond, on n'est pas étonné. Il est aussi endurant dans l'exercice du pouvoir qu'il était endurant dans l'exercice de commando il y a quarante ans de cela."

En pleine forme

Certains appelaient François Hollande, méchamment d'ailleurs, "Culbuto". Il semble déstabilisé, et puis il se remet toujours tout droit. Même après le livre de Valérie Trierweiler, qui l'a secoué. Tais tous ceux qui le côtoient sont formels : le Président est en pleine forme, comme soulagé.

C'est ce que dit Michel Sapin à mots couverts. "D'un certain point de vue, c'est derrière lui. Il a souffert de ces difficultés, y compris pendant la campagne électorale, y compris bien sûr pendant les premières années de l'exercice du pouvoir. De cela, il ne souffre plus aujourd'hui. De ce point de vue là, il y a une forme de libération par rapport à cela."

Vous l'aurez compris, c'est un Président en pleine possession de ses moyens qui sera interviewé ce jeudi soir.