Le discours identitaire de Nicolas Sarkozy est-il dangereux ?

REPLAY - Face à ses nombreux candidats à la primaire des Républicains, qui aura lieu en novembre 2016, Nicolas Sarkozy a largement orienté son discours sur les thèmes identitaires.

Nicolas Sarkozy, le 6 avril 2015

Crédit : CHAMUSSY/SIPA

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On refait le monde avec :

Rokhaya Diallo, journaliste et membre du mouvement européen contre le racisme
Elisabeth Lévy, rédactrice en chef du magazine Causeur,
Jean-Christophe Buisson, rédacteur en chef adjoint de la rédaction du Figaro Magazine
Roland Cayrol, politologue et directeur du centre d'étude et d'analyse

Mercredi 8 juin, Nicolas Sarkozy donnait un meeting à Saint-André-Lez-Lille, dans le Nord. Il y évoquait des thèmes très identitaires et affirmait que la France "est un pays chrétien qui doit être respecté par ceux qui veulent y vivre". L'ancien président allait même jusqu'à parler de "tyrannie de minorités", se référant notamment aux blocages que connait actuellement la France.

Pour Rokhaya Diallo, l'ex chef d'Etat "amalgame CGT, casseurs, terroristes" et "nie la laïcité" de la France. Surtout, il se met "en opposition à Alain Juppé" qui se réfère pour sa part à une "identité heureuse". Elisabeth Lévy, elle, "ne croit pas que Nicolas Sarkozy soit crédible ou légitime pour tenir ce discours" mais pense "qu'il parle aux Français de ce qu'ils veulent entendre". Et la rédactrice en chef de Causeur constate d'ailleurs qu'une "grande partie des Français est à cran".

"Il refait du Sarkozy" estime Rolland Cayrol, qui pense d'ailleurs que l'ancien président devrait "perdre à nouveau" en 2017, comme en 2012, et que "c'est très grave de faire ce genre d'amalgames". Le politologue va même plus loin et estime que "la société française, dans son identité française, ne mérite pas ça". Mais Rokhaya Diallo a son explication à ces propos polémiques et rappelle "que [Nicolas Sarkozy] avait réussi à siphonner les voix du Front National en 2007".

Une provocation dangeureuse

Roland Cayrol

Jean-Christophe Buisson, s'il reconnait la ligne droitisée du chef des Républicains, affirme qu'il ne s'agit "pas d'une ligne pour siphonner les voix du Front National" mais "d'une ligne qui s'adresse à son parti". Selon lui, ceux qui écoutent Nicolas Sarkozy "sont heureux d'avoir quelqu'un qui leur donne l'impression de s'occuper de leur identité morale, spirituelle et politique".

Et si Elisabeth Lévy pense que "toute la France est angoissée par ces questions" identitaires, Rokhaya Diallo estime que "l'angoisse ne correspond pas nécessairement à une réalité" et que "la responsabilité politique c'est de ne pas nourrir les angoisses" mais "d'y répondre avec des faits". Dans le même sens, Roland Cayrol voit dans la France "un pays multiple dans lequel il s'agit d'organiser la paix, l'entente et le bien-vivre entre tous les gens". Selon lui, les propos de Nicolas Sarkozy sont "de la provocation" qu'il trouve "dangereuse".

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