Hollande et les frappes en Syrie : enquête ouverte pour violation du secret défense

François Hollande a-t-il commis une faute ? Une enquête a été ouverte pour "compromission de la défense nationale" par le parquet de Paris après la fuite dans le quotidien Le Monde, en août dernier, d'un document classé "confidentiel défense", selon une information dévoilée lundi 21 novembre de source judiciaire. Ce fichier concernait des frappes françaises en Syrie en 2013 et détaillait le plan d'action prévu pour une intervention militaire d'envergure. Mais l'opération n'avait pas été mise en oeuvre à cause des tergiversations de Barack Obama, leader de la coalition internationale.

Dans un article paru le 24 août, les journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme, par ailleurs auteurs du livre Un président ne devrait pas dire ça, relataient un entretien avec le président Hollande le 30 août 2013 et évoquaient un document estampillé "confidentiel défense" dont ils disaient avoir eu copie. "Rédigé la veille, le 29 août, par son état-major particulier, il détaille la timeline du raid à venir. C'est le véritable vade-mecum de l'intervention française", écrivaient-ils.

Un signalement d'Éric Ciotti

L'enquête, qui ne concerne donc pas les propos de Hollande sur les assassinats ciblés contre des jihadistes, a été ouverte après un signalement d'Éric Ciotti. Ce dernier s'était ému d'une "compromission flagrante et dangereuse du secret nécessaire à notre sécurité et à notre souveraineté". Dans son courrier au parquet de Paris, daté du 4 novembre, il affirme avoir écrit deux fois au ministère de la Défense sans obtenir de réponse. Le ministre Jean-Yves Le Drian avait cependant relativisé la gravité des faits : "De quoi s'agit-il ? De la publication dans un journal du soir d'éléments (...) sur des événements qui remontent à trois ans et en plus sur une opération qui n'a pas eu lieu ?"

Le parquet n'a pas encore saisi de service d'enquête, a précisé la source judiciaire. Il a transmis un courrier au ministère de la Défense pour obtenir des réponses sur la classification du document et sur le degré éventuel d'atteinte portée à la défense nationale.