L'Arlésienne se produit parfois. Après l'avoir sans cesse repoussée, Marine Le Pen va annoncer mardi 16 juin la constitution d'un groupe au Parlement européen. Une victoire politique autant que financière pour la présidente du Front national. "Je viens de déposer les statuts auprès de l'administration en vue de la constitution de notre groupe", s'est félicité dans un tweet le lieutenant européen de la présidente du Front national, Ludovic de Danne. Marine Le Pen a précisé que son groupe s'appellera "Europe des Nations et des Libertés".
Si elle avait le nombre d'élus nécessaires (37), Marine Le Pen n'était jusque-là parvenue qu'à rassembler ses alliés "historiques" que sont le Parti pour la liberté (PVV), le Parti de la liberté autrichien (FPÖ), la Ligue du Nord italienne et le Vlaams Belang flamand (Belgique), soit seulement cinq nationalités. Il faut au moins 25 élus de 7 nationalités différentes pour former un groupe. Marine Le Pen a indiqué que les élus manquants ne viendraient pas de Hongrie : "Je n'ai pas changé d'avis en un an", a-t-elle rappelé, elle qui a exclu de s'allier aux élus du Jobbik hongrois et de l'Aube dorée grecque, qu'elle considère trop radicaux.
Une source proche de la présidente du FN a laissé entendre que deux eurodéputés polonais pourraient faire partie de ce groupe car il y a "eu beaucoup d'évolutions" au sein du KNP, un parti d'extrême droite, depuis l'éviction de son sulfureux président, Janusz Korwin-Mikke. Le parti lituanien Ordre et justice faisait également partie des hypothèses, tout comme des élus des Démocrates suédois.
Outre une plus grande visibilité, d'éventuelles présidences de commissions ou de sous-commissions, un groupe donne l'assurance de recevoir entre 20 et 30 millions d'euros de subventions au cours des cinq années suivantes, hors salaires et avantages des députés. Avec la constitution de ce groupe, le Front national tient enfin sa promesse des élections européennes de mai 2014, où il assurait que la constitution de ce groupe serait quasi-consécutive à l'arrivée des eurodéputés à Bruxelles.
Reste à savoir si "Europe des Nations et des Libertés" tiendra sur la durée. La dernière expérience du FN au sein d'un groupe remonte à 2007 et avait été courte. "L'idéal serait d'avoir huit nationalités pour être à l'abri", estime l'un des vice-présidents du parti, Louis Aliot. Avec cette annonce, Marine Le Pen reprend la main politiquement après deux mois difficiles à cause de la crise interne consécutive aux procédures menées à l'encontre de Jean-Marie Le Pen.
La présidente du Front national va d'abord procéder aux annonces concernant son groupe parlementaire et devrait ensuite communiquer à propos de ses intentions concernant les élections régionales de décembre. Nombre de ses partisans la poussent à se présenter en région Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Marine Le Pen affirme d'ailleurs avoir pris sa décision, qu'elle ne communiquera pas dans l'immédiat. "Cette semaine sera européenne, la prochaine régionale", indique une source au FN.
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