"Frauke Petry est-elle la Marine Le Pen allemande ?", s'interroge Alba Ventura

Le Front national a salué la percée du parti populiste AfD ("Alternative für Deutschland") lors de régionales dimanche en Allemagne, le week-end dernier. À la tête de cette formation qui fait trembler Angela Merkel, on trouve Frauke Petry, 40 ans. Est-ce la Marine Le Pen allemande ? Physiquement, cela n'a rien à voir. Frauke Petry c'est un petit bout de femme, brune aux cheveux courts, que ses amis comparent d'ailleurs à Audrey Hepburn (sans le côté My Fair Lady !). Sur le plan politique, elle est parfois Marine Le Pen, parfois Jean-Marie le Pen, et parfois les deux réunis.

Comme les Le Pen, elle est anti-tout : anti-euro, anti-immigration, anti-système. Comme les Le Pen, elle est pro-Poutine. Elle a tendance, elle aussi, a beaucoup jouer sur la "victimisation". Comme les Le Pen, elle peut dire des horreurs. Comme lorsqu'elle a déclaré que la police "devrait pouvoir faire usage d'armes à feu contre les réfugiés qui entrent illégalement en Allemagne".

Chantre de l'ultra-libéralisme

Peut-on dire qu'elle est d'extrême-droite ? Avec des propos pareils, c'est une évidence. Même si, comme Marine Le Pen, elle refuse qu'on la classe à l'extrême-droite. Pour dire vrai, son parti à l'origine est plutôt un parti populiste et libéral, plutôt de facture "conservateur britannique". Mais c'est Frauke Petry, lorsqu'elle a pris le parti il y a trois ans, qui a fait dériver l'AfD vers la droite très très radicale. Tandis que Marine Le Pen essayait de gauchir son discours, en allant pêcher dans l'électorat populaire de Jean-Luc Mélenchon et en plaidant pour plus de protectionnisme économique. Frauke Petry, le protectionnisme ça la fait bondir. D'ailleurs elle dit que Marine Le Pen est "socialiste", elle la trouve trop à gauche.

Sur le plan économique, Frauke Petry carbure à l'ultra-libéralisme. Il ne faut pas oublier qu'elle a été chef d'entreprise. La politique, elle a toujours aimé ça mais c'est assez récent. Marine Le Pen, même si elle est avocat de formation, est une héritière politique.

Provocation

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Il paraît que la patronne de l'AfD rêve de devenir chancelière. Comme Angela Merkel, elle vient d'Allemagne de l'Est. Comme elle, elle est arrivée à la tête de son parti en faisant un putsch. Cela peut donner quelques idées. La différence avec Angela Merkel, c'est qu'on lui reproche de ne pas avoir de convictions. Elle dénonce l'intervention de l'État dans l'économie, alors qu'elle en a profité lorsqu'elle était à la tête de son entreprise. Elle s'en prend aux quotas féminins alors qu'elle y était favorable quand elle était patron. Cela pourra lui jouer des tours.

En attendant elle joue de la provocation, comme Donald Trump aux États-Unis. Comme Marine Le Pen en France, ou comme les autres dirigeants des partis populistes en Europe, elle surfe en Allemagne, sur le rejet très puissant des réfugiés. Son parti a réalisé la plus forte poussée populiste depuis l'après-guerre.

Le carnet du jour

On parle d'Europe et de pollution. À l'initiative d'Anne Hidalgo, maire de Paris, une vingtaine de capitales et de grandes villes européennes ont décidé d'interpeller la Commission européenne en publiant une tribune dans le journal Le Monde. Il s'agit de protester contre la décision du Parlement européen d'assouplir les tests d'émission de gaz polluants des véhicules diesel. Autrement dit, d'accorder un droit à polluer aux constructeurs auto. Encore une belle victoire du lobby automobile, et un joli pied de nez à la COP 21.