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Dans le dossier Alstom, Arnaud Montebourg n'obtiendra pas gain de cause sur le plan économique
Crédit : AFP / Alain Jocard
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Le feuilleton Alstom a dominé la semaine économique, mais aussi en partie la semaine politique avec la sortie très brutale d'Arnaud Montebourg contre le patron de l'entreprise française, qu'il a accusé de vendre les bijoux de famille. C'est spectaculaire. Mais sur le fond, ce qui devait se faire va se faire. C'est donc un coup d'épée dans l'eau.
Ca n'est d'ailleurs un secret pour personne. Le PDG d'Alstom, Patrick Kron, l'a confirmé sur TF1 mercredi 30 avril : une partie d'Alstom va bel et bien passer sous pavillon américain. C'est même assez logique. Alstom et General Electric sont voisines à Belfort. Les salariés partagent même la cantine.
De plus, tous les spécialistes le disent : les deux entreprises sont complémentaires, alors que ce n'est pas du tout le cas de Siemens. L'adversaire allemand est exactement sur les mêmes marchés que le français. Même l'ancien ministre de l'économie, Pierre Moscovici, le reconnait en coulisses.
En fait, Arnaud Montebourg a déjà perdu. Le plus beau, c'est qu'il le sait.
Alors, pourquoi continuer à affirmer que tout reste possible ? Car le ministre de l'Économie fait de la politique. Il a été pris au dépourvu par l'annonce d'Alstom. D'abord, ça l'a vexé. Ensuite, il fallait gagner du temps, créer un rapport de force - même factice. C'est d'ailleurs pour ça que l'on invente l'offre concurrente de Siemens, ou que l'on joue avec l'idée d'une solution française qui plait beaucoup aux électeurs.
L'affaire tombait assez mal : un mois avant les européennes. Pas terrible pour un pouvoir déjà mal en point. C'est amusant, d'ailleurs, de voir comment l'État a tordu le bras d'Alstom - qui était prêt à signer - pour que rien ne soit décidé avant quatre semaines. Quatre semaines : cela tombe pile au lendemain des européennes. Le premier but recherché était donc d'éviter la casse avant le scrutin.
Le deuxième objectif, c'est d'obtenir plus de General Electric, notamment plus de garanties d'emploi. Là, l'Etat est dans son rôle. Mais c'est à peu près tout ce qu'il peut faire, à partir du moment où il a renoncé - même Arnaud Montebourg - à l'idée d'une nationalisation, même partielle.
Arnaud Montebourg n'obtiendra pas gain de cause en économie. Ce qui n'est pas tout à fait pareil en politique. Ce que cherche le ministre, c'est à entretenir le mythe. Montebourg, le flibustier, l'homme qui n'a peur de rien, qui monte à l'abordage, qui défend les navires en péril contre les pirates de l'industrie. Et tant pis si ce sont eux qui l'emportent ! Le but, c'est de s'être bien battu. Tant pis si on tombe à condition de tomber au champ d'honneur.
Tant pis aussi, si cela commence à faire beaucoup. Mittal, qu'il voulait bouter hors de France et qui est toujours là. SFR, qu'il voulait vendre à Bouygues et qui a filé chez le "méchant" Numéricable. Dans un mois, ce sera Alstom et General Electric.
Tant pis, par ailleurs, si le message envoyé aux investisseurs étrangers est désastreux, une fois de plus.
Montebourg a fait sienne la devise de Jean Cocteau (un peu revisitée) : "Puisque les mystères de l'économie nous dépassent, feignons d'en être les organisateurs". Une manière déguisée de dire, comme l'avait fait Jospin en son temps : "L'État ne peut pas tout". Il ne peut pas tout, mais il peut toujours faire semblant.
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