François Hollande a l'intention de nommer l'ancien ministre RPR Jacques Toubon au poste de Défenseur des droits. Cela ne plaît pas du tout à sa gauche.
Aux yeux de la gauche, Jacques Toubon a tout faux : il est de droite, il n'a pas voté la dépénalisation de l'homosexualité en 1981, il n'a pas voté pour le Pacs. Sous-entendu : il n'a pas lutté contre les discriminations. Mais finalement, comme un certain nombre de députés, même de gauche à l'époque.
Par ailleurs, on lui fait à tort le procès de ne pas avoir voté pour l'abolition de la peine de mort. On lui fait aussi le procès (cela est vrai, en revanche) d'avoir en 1996, lorsqu'il était garde des Sceaux, envoyé un hélicoptère dans l’Himalaya pour récupérer un procureur afin de sauver Xavière Tibéri.
François Hollande pense que ce sont des combats du passé, et que l'homme aujourd'hui est compétent pour le poste de Défenseur des droits. C'est l'avis aussi du socialiste Malek Boutih qui le défend, selon l'idée qu'il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis. Jacques Toubon l'a prouvé, notamment sur les questions d'immigration.
Dans cette affaire, les boucliers se sont levés un peu vite. Jacques Toubon aujourd'hui a surtout un énorme défaut : celui de ne pas être du camp qui mérite d'être nommé.
L'ouverture, ça coince toujours. Quand Nicolas Sarkozy nommait des gens de gauche, cela faisait hurler son camp. Patrick Devedjian avait reçu le prix de l'humour politique pour avoir dit qu'il était "pour l'ouverture jusqu'aux sarkozystes". Quand vous distribuez des postes à vos adversaires, vos proches se demandent toujours "pourquoi pas nous ?".
Il y a une vraie différence avec Nicolas Sarkozy: il l'a fait quand il était populaire. Il en avait d'ailleurs fait une martingale, il se revendiquait le "DRH de la gauche" à l'époque. Chez François Hollande, on y voit l'aveu d'un double discours. Avec Toubon, on suspecte son côté chiraquien et son côté "rad-soc".
Mais il y a un autre cas d'école : Laurence Boone, cette économiste qu'il vient de nommer à l'Elysée et qui fait aussi grincer des dents à gauche. Cette jeune femme de 45 ans sort tout droit de la City de Londres, de chez Bank of America, un gérant de fortunes. Cela paraît parfois incongru pour certains d’être de gauche et de travailler dans une banque. Henri Emmanuelli en sait quelque chose, lui qui a travaillé par le passé chez Rotschild.
C'est sûr qu'elle n'a pas un profil classique de gauche. Elle a même plusieurs fois critiqué la politique économique du Président Hollande. Du coup, il y a là l'aveu du virage libéral et de la poursuite de la politique de l'offre. Nommer une banquière après avoir déclaré que son ennemi c'était la finance, on s'y perd toujours en conjecture.
Le problème est donc moins les nominés que celui qui les nomme. Ce n'est pas une question de compétence (ces gens le sont compétent). Le problème, c'est que cela rajoute au trouble de la gauche et à ses doutes vis-à-vis de François Hollande. Comme il n'a pas été élu sur ces idées-là, chaque geste donne lieu à interprétation, malentendu, voire soupçon.
Le problème, c'est la défiance vis-à-vis de François Hollande qui a fait un double salto arrière depuis son discours du Bourget. Lorsqu'on est à 15%, plus rien ne passe. Votre majorité vous tourne le dos sur tout, tout le temps.
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