La Syrie a une nouvelle fois vécu l'horreur. Mardi 4 avril, la ville de Khan Cheikhoun, dans la province d'Idleb, a été bombardée par des avions militaires. Mais ce raid aérien interroge grandement. De nombreuses victimes ont en effet souffert d'intoxication ou encore d'évanouissement laissant penser à une attaque chimique.
Cette zone, située au nord-ouest du pays est aujourd'hui en grande partie entre les mains des rebelles mais aussi des jihadistes, dont la plupart serait issus de l'ex-branche syrienne d'Al-Qaïda.
Selon un dernier bilan revu à la hausse, les conséquences humaines sont lourdes. Au moins 72 personnes, dont 20 enfants, sont mortes et 170 ont été blessées dans cette attaque aérienne. "Il y a également 17 femmes parmi les victimes et le bilan pourrait encore augmenter car il y a des personnes disparues", a précisé l’OSDH, l'Observatoire syrien des droits de l'homme.
Selon plusieurs médecins sur place, les symptômes relevés sur les patients sont similaires à ceux constatés sur des victimes d'une attaque chimique, notamment avec des pupilles dilatées, des convulsions et de la mousse sortant de la bouche. De plus, le nombre de victimes recensées dans ce raid alimente la thèse de cette attaque chimique.
Interrogé par Franceinfo, Olivier Lepick, chercheur associé à la fondation pour la recherche stratégique, spécialiste des armes chimiques, évoque la possibilité du gaz sarin. "À ce stade de l'enquête, je crois qu'il faut rester extrêmement prudent. Il y a un faisceau de présomptions, qui laisse à penser qu'il s'agit effectivement d'une attaque chimique. Des tableaux cliniques pourraient laisser penser à un neurotoxique organisphoré de type gaz sarin", explique-t-il.
De plus, le recours à ces armes chimiques, bien qu'interdites, a déjà eu lieu dans cette région. Si la Syrie est censée avoir détruit son arsenal aux termes d'un accord américano-russe, le régime a été suspecté à plusieurs reprises d'avoir à nouveau utilisé des armes chimiques comme en 2013 à Damas où plus de 1.800 personnes étaient décédées.
C'est une nouvelle fois le cas à Khan Cheikhoun. Le régime de Bachar al-Assad est directement accusé d'avoir commandité cette attaque même s'il a "catégoriquement démenti" ses accusations. "Toutes les preuves que j'ai vues suggèrent que c'était le régime d'Assad (...) utilisant des armes illégales en toute connaissance de cause sur son propre peuple", a déclaré Boris Johnson, ministre des Affaires étrangères britannique, ce jeudi 5 mars.
La veille, François Hollande avait également évoqué la "responsabilité" du président syrien dans ce "massacre" tout en pointant également du doigt la "complicité" et la "responsabilité morale" de certains alliés du régime. "Comme à la Ghouta le 21 août 2013, Bachar al-Assad s'en prend à des civils en utilisant des moyens bannis par la communauté internationale", a affirmé le chef de l'État.
Les États-Unis, la France et le Royaume-Uni ont présenté mardi un projet de résolution au Conseil de sécurité, condamnant l'attaque chimique en Syrie et appelant à une enquête complète et rapide. Le projet a été distribué aux quinze membres du Conseil à la veille d'une réunion d'urgence demandée par Paris et Londres.
Le texte "condamne dans les termes les plus forts l'usage d'armes chimiques" en Syrie, en particulier l'attaque de Khan Cheikhoun et demande que la commission d'enquête de l'OIAC, mandatée par l'ONU, commence immédiatement à travailler pour identifier les auteurs de cette dernière attaque. Le projet de résolution demande également à la Syrie de fournir les plans de vol et toute information sur des opérations militaires au moment de l'attaque. Enfin, le texte menace d'imposer des sanctions en vertu du chapitre 7 de la charte des Nations unies.
Mais les divisions persistent sur la scène internationale. Si la Russie a évoqué le bombardement d'un atelier de fabrication de bombes avec des substances toxiques par le régime syrien, elle a tout de même jugé "inacceptable" en l'état le projet de résolution présenté par les trois pays occidentaux. En cas d'échec des discussions à l'ONU, les États-Unis prendront des mesures unilatérales en Syrie.
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