Il avait promis de prendre l'initiative face à l'inaction du Congrès. Le président américain Barack Obama a promis jeudi 20 novembre un système d'immigration "plus juste et plus équitable", présentant une série de mesures qui prévoient la régularisation provisoire de près de cinq millions de clandestins vivant sous la menace d'une expulsion.
"Une amnistie de masse serait injuste. Des expulsions de masse seraient à la fois impossibles et contraires à notre caractère", a expliqué le Président américain depuis la Maison Blanche. "Nous sommes et serons toujours une nation d'immigrants", a-t-il ajouté.
Face à l'inaction du Congrès sur ce dossier sensible, Obama a dit se prévaloir de "l'autorité légale" que lui confère sa fonction pour rendre le système d'immigration américain "plus juste et équitable".
Mesure la plus saillante: les clandestins vivant depuis plus de cinq ans aux Etats-Unis et ayant un enfant américain ou titulaire d'un statut de résident permanent, pourront obtenir un permis de travail de trois ans. L'administration estime que cette mesure pourrait bénéficier à un peu moins de la moitié des 11 millions de clandestins qui vivent aux Etats-Unis. L'immense majorité sont originaires du Mexique et d'Amérique centrale.
Vent debout contre des décisions présidentielles qu'ils jugent anticonstitutionnelles, ses adversaires républicains ont immédiatement promis de les combattre, au Congrès ou en justice. "Ce n'est pas comme cela que notre démocratie fonctionne", a tonné John Boehner, président de la Chambre des représentants. "Le président a dit qu'il n'était ni un roi, ni un empereur, mais il se comporte comme s'il en était un".
"Je n'ai qu'une réponse: votez une loi!", a lancé le président Obama à ses détracteurs, assurant que ses décisions reposaient sur de solides bases légales et qu'elles s'inscrivaient dans la lignée de celles prises par tous ses prédécesseurs, républicains comme démocrates, depuis un demi-siècle.
À partir du printemps prochain, tout clandestin vivant depuis plus de cinq ans aux Etats-Unis, et ayant un enfant américain ou titulaire d'un statut de résident permanent, pourra demander un permis de travail de trois ans. "Ce n'est ni une garantie de citoyenneté, ni un droit à rester ici de manière permanente", a cependant souligné M. Obama.
L'exécutif américain a par ailleurs annoncé un assouplissement des conditions d'accès au programme Daca ("Deferred Action for Childhood Arrival"), lancé en 2012, qui offre des permis de séjour aux mineurs arrivés sur le territoire américain avant l'âge de 16 ans. Quelque 600.000 personnes en ont déjà bénéficié à ce jour.
"Si vous remplissez les critères, vous pouvez sortir de l'ombre et vous mettre en accord avec la loi. Si vous êtes un criminel, vous serez expulsé. Si vous avez l'intention d'entrer illégalement aux Etats-Unis, vos chances d'être attrapé et renvoyé viennent juste d'augmenter", a résumé Obama.
Depuis les régularisations massives de 1986, sous Ronald Reagan, toutes les tentatives de réforme du système d'immigration ont échoué. Début 2013, après la rédaction d'un projet de loi au Sénat par des ténors des deux partis, un compromis semblait possible. Mais la perspective d'un accord au Congrès s'est vite éloignée et les discussions sont dans l'impasse depuis.
"Merci au président d'avoir, face à l'inaction, choisi l'action sur l'immigration", a réagi Hillary Clinton sur Twitter. "Et maintenant, travaillons à une réforme bipartisane", a ajouté l'ex-secrétaire d'Etat qui pourrait bientôt se lancer dans la course à la Maison Blanche pour succéder à Barack Obama en 2017.
L'association DREAM Action Coalition a elle salué "un pas dans la bonne direction", tout en appelant à faire plus. "Quel sera l'avenir des millions d'immigrants sans papiers qui ne remplissent pas les critères?", a-t-elle demandé, regrettant que le président ne soit pas allé "aussi loin qu'il le pouvait légalement".
La tempête politique que cette annonce a déclenchée augure mal des relations entre le Congrès et la Maison Blanche dans les mois à venir. La donne politique vient en effet de changer à Washington, après la large victoire des républicains lors des législatives de mi-mandat du 4 novembre. Pour le sénateur du Kentucky Mitch McConnell, qui deviendra en janvier l'homme fort du Sénat, la démarche de Barack Obama revient purement et simplement à "rejeter la voix des électeurs".
Désormais majoritaires à la Chambre des représentants comme au Sénat, les républicains ne peuvent bloquer un décret présidentiel, mais ils disposent de nombreuses armes pour rendre les deux dernières années d'Obama à la Maison Blanche difficiles.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte