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Moscou juge "blasphématoires" deux dessins de "Charlie Hebdo"

Le porte-parole du Kremlin a tancé deux caricatures traitant du crash de l'Airbus de la compagnie russe Metrojet dans le Sinaï, qui a fait 224 morts.

Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, en 2013

Crédit : MAXIM SHEMETOV / POOL / AFP

AFP & Christophe Chafcouloff

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6 jours après le crash de la Metrojet dans le Sinaï, le Kremlin s'est indigné de deux dessins qualifiés de "blasphématoires" publiés par Charlie Hebdo, traitant du drame qui a fait 224 morts. L'hebdomadaire satirique dénonce de son côté une "instrumentalisation".

"Dans notre pays, ça s'appelle du blasphème, au sens large du mot, cela n'a rien à voir ni avec la démocratie, ni avec la liberté d'expression", a ainsi déclaré le porte-parole du Kremlin dans une allocution à la presse, qualifiant également d'"inacceptables" les caricatures de Charlie Hebdo.

"Russophobie" et "mépris des valeurs morales"

Dimitri Peskov a cependant indiqué que la Russie n'allait pas demander d'explications à Paris concernant ces deux dessins publiés mercredi 4 novembre, dont l'un montre un islamiste se protégeant de débris d'avion qui pleuvent autour de lui avec pour légende "Daech: l'aviation russe intensifie ses bombardements".

"Y a-t-il des limites à la russophobie dans les médias occidentaux", s'est interrogé pour sa part le Alexeï Pouchkov, député et président de la commission pour les affaires étrangères à la Douma d'Etat (chambre basse du Parlement russe). "Alors que le monde entier compatit avec la Russie, Charlie Hebdo proclame le droit odieux au blasphème", a-t-il ainsi écrit.

Le sénateur Konstantin Kossatchev, à la tête de la commission des Affaires étrangères au Sénat, a dénoncé un "mépris inacceptable pour les valeurs morales". Si le régime de Moscou était présent à la marche historique organisée à Paris le 11 janvier contre le "terrorisme" après l'attaque de Charlie Hebdo, elle a vite pris ses distances vis à vis des caricatures de l'hebdomadaire.

Cela ressemble à la manipulation habituelle d'un pouvoir totalitaire

Gérard Biard

"C'est une manipulation du Kremlin, qui utilise Charlie Hebdo", a rétorqué le rédacteur en chef du journal satirique, Gérard Biard. "Il veulent attirer l'attention sur deux malheureux dessins et créer une polémique qui n'a pas lieu d'être. Cela ressemble à la manipulation habituelle d'un pouvoir totalitaire", a-t-il estimé. "Que même les Russes s'y mettent" contre Charlie Hebdo, "ce n'est pas nouveau : c'était déjà le cas avec la polémique sur le dessin sur Aylan. Et aussi quand un opposant russe a été abattu devant le Kremlin (Boris Nemstov, assassiné en février NDLR) , ils avaient dit qu'il avait été tué parce qu'il avait soutenu Charlie Hebdo".

"Ce journal est censé être irrespectueux, donc allons-y, utilisons Charlie Hebdo !", a-t-il ironisé. "Or nous respectons plus de valeurs que le pouvoir russe, comme la démocratie, la laïcité, la liberté d'expression", a-t-il dit.  Le crash de l'Airbus A321 de la compagnie russe Metrojet dans le Sinaï égyptien a fait 224 morts le 31 octobre. L'hypothèse d'une bombe à bord a été envisagée publiquement par Washington et Londres. Ce vendredi, Vladimir Poutine a ordonné  la suspension des vols des compagnies aériennes russes vers l'Egypte, sur recommandation des services secrets.

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