Le mystérieux et redoutable chef des talibans, introuvable depuis 2001, serait décédé. Les autorités afghanes annoncent, ce mercredi 29 juillet, la mort du mollah Omar, en fuite depuis 2001. Une information confirmée à demi-mots par la Maison Blanche. La disparition du chef suprême des talibans risque d'accentuer les divisions au sein de l'insurrection islamiste, quant à la poursuite ou non des pourparlers de paix avec le gouvernement de Kaboul.
Depuis la chute des talibans, après l'intervention de la coalition dirigée par les États-Unis à la suite des attentats du 11 septembre 2001, des rumeurs ont régulièrement fait état du décès du mollah Omar, réfugié, selon des sources concordantes, au Pakistan voisin après la chute de son régime. Mercredi, à deux jours d'un nouveau cycle de discussions entre Kaboul et les talibans, visant à pacifier l'Afghanistan, endeuillé par 14 années consécutives de guerre, des responsables afghans ont officiellement annoncé la mort de celui que ses fidèles nomment "le commandeur des croyants".
"Le mollah Omar est mort. Il est mort dans un hôpital de Karachi (sud du Pakistan) en avril 2013 (...) dans de mystérieuses circonstances", selon Haseeb Sediqi, le porte-parole des services secrets afghans, le NDS, confirmant à micro ouvert ce que des responsables afghans suggéraient jusque-là à mots couverts. Un haut responsable du gouvernement afghan avait ainsi déclaré sous couvert d'anonymat que le chef des talibans était "mort de maladie il y a deux ans et avait été enterré" dans le sud de l'Afghanistan, sa région d'origine. "Au cours des dernières années, il n'a participé à aucun rassemblement et n'a fait parvenir aucun message audio à ses partisans (...) C'est ce qui nous fait croire qu'il est effectivement mort", indique un responsable taliban sous couvert d'anonymat. Les talibans n'ont officiellement ni confirmé ni démenti la mort de leur chef, qui n'a pas été vu en public depuis 2001.
Kaboul a longtemps accusé le Pakistan de téléguider les talibans, en lutte contre les forces de l'Otan et leurs alliés afghans, ou de "garder sous la main" des cadres de la rébellion afin de les utiliser à un moment jugé opportun par Islamabad. Début juillet, le Pakistan a organisé une première rencontre officielle entre des cadres talibans et des représentants du gouvernement de Kaboul, afin de mettre sur les rails des pourparlers de paix.
Ces premiers contacts ont mis en lumière de profonds différends entre les cadres talibans en exil au Pakistan, et ceux du "bureau politique", en exil au Qatar, qui accusent les premiers d'être téléguidés par le Pakistan. Cette reprise du dialogue n'a encore eu aucun effet positif sur le terrain, les talibans ayant intensifié leurs attaques contre les forces afghanes et multiplié les accrochages avec leurs nouveaux rivaux islamistes de Daesh.
Mais l'annonce du décès du mollah Omar, qui avait hébergé en Afghanistan Oussama Ben Laden, pourrait compliquer la poursuite du dialogue, à deux jours d'une deuxième série de discussions prévue entre Kaboul et les talibans. La présidence afghane, quant à elle, soutient que la mort du mollah Omar ouvre "plus qu'auparavant" la voie à des discussions. Elle appelle "l'ensemble des groupes d'opposition armés à saisir cette occasion et à participer au processus de paix".
Dans le dernier message attribué au mollah Omar, un communiqué envoyé mi-juillet, il appelait au dialogue avec Kaboul, jugeant que les "contacts pacifiques avec les ennemis ne sont pas interdits". Mais, si le mollah Omar est bel et bien mort, ce message et ceux envoyés en son nom depuis deux ans n'étaient que mensonges, d'où une "déception" pour ses partisans, note Waheed Muzhda, un analyste ayant oeuvré au sein de la diplomatie afghane sous les talibans. Ces derniers mois, de nombreux commandants talibans doutant que leur chef était bien en vie, ou hostiles à un rapprochement avec les autorités de Kaboul, ont quitté les rangs du mouvement. Ils ont fait allégeance à l'organisation État Islamique (EI), qui cherche à étendre à l'Afghanistan son califat proclamé sur des pans entiers de la Syrie et de l'Irak.
Les talibans ont toujours officiellement posé comme préalable à toute négociation le retrait d'Afghanistan de l'ensemble des soldats de l'Otan. Ceux-ci ne sont aujourd'hui plus que 12.500, chargés de former et d'assister les forces gouvernementales face aux rebelles - contre plus de 140.000 vers 2010.
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