Ce jeudi 22 janvier est l'une des journées les plus sanglantes qu'a connu l'Ukraine en neuf mois de conflit avec la mort d'au moins 34 personnes, dont treize civils tués par un obus, au moment où l'armée ukrainienne abandonnait aux rebelles le très stratégique aéroport de Donetsk.
Depuis le début du conflit en avril, dans la foulée de l'annexion de la péninsule de Crimée par la Russie et du réveil des séparatistes prorusses dans l'est du pays, plus de 5.000 personnes ont péri dans les combats entre soldats ukrainiens et rebelles séparatistes. Et rien n'indique que la paix soit en vue.
La veille, les ministres ukrainien, russe, français et allemand des Affaires étrangères avaient appelé ensemble depuis Berlin à la fin des hostilités et au retrait des armes lourdes.
Mais cet appel a paru bien vain quelques heures plus tard quand treize civils ont trouvé la mort après qu'un trolleybus a été touché par un obus à Donetsk, dans la plus sanglante attaque contre des civils depuis la signature des accords de paix de Minsk en septembre dernier. Une dizaine de personnes ont également été blessées, selon un premier bilan des Services d'urgence de la ville, bastion des rebelles séparatistes prorusses.
Le gouvernement ukrainien a immédiatement accusé les séparatistes d'être à l'origine des tirs, pourtant dans leur propre ville. "L'endroit où le bus a été touché est situé à plus de 15 kilomètres de la zone où se trouvent les forces antiterroristes (nom donné aux troupes ukrainiennes qui combattent les séparatistes, ndlr). À ce jour, aucun dégât n'avait été recensé dans ce quartier", a affirmé le ministère de la Défense dans un communiqué.
Le ministre des Affaires étrangères ukrainien Pavlo Klimkine a qualifié l'attaque de "tragédie". "À cause de ces attaques terroristes, des civils ukrainiens souffrent. La Russie doit arrêter les terroristes", a-t-il lancé sur Twitter, complétant ce message par un tweet de soutien.
Ce nouveau lourd tribut payé par les civils intervient huit jours après la mort de douze d'entre eux dans un bus touché par un bombardement près de Volnovakha, à 35 kilomètres au sud de Donetsk. Kiev et les séparatistes s'étaient mutuellement accusés d'être à l'origine des tirs.
Parallèlement, les autorités séparatistes ont fait état de dix personnes mortes à Gorlivka, ville située dans la région de Donetsk.
Sur le front militaire, le conflit a également connu un tournant majeur avec l'annonce du retrait de l'armée ukrainienne de sa principale position à l'aéroport de Donetsk, le nouveau terminal. Soldats ukrainiens et rebelles se disputaient inlassablement l'aéroport, désormais complètement détruit, depuis mai.
Les rebelles avaient lancé une offensive d'envergure le 15 janvier pour tenter de s'emparer des positions défendues par ceux que les Ukrainiens avaient érigés en héros et surnommé les "cyborgs". L'armée ukrainienne avait affirmé dimanche avoir repoussé cette attaque grâce notamment au renfort de chars.
"Nous avons échoué à garder le contrôle des ruines du nouveau terminal durant six jours", a admis un conseiller du président Petro Porochenko, Iouri Birioukov, sur sa page Facebook. "Et les gars au rez-de-chaussée, les cyborgs... Ils sont faits de chair et de sang. Avant-hier (mardi), ils ont atteint leurs limites", a-t-il écrit en assurant que "l'aéroport était et demeure une ligne de front".
Même si les combats continuent "autour de l'aéroport", selon l'armée qui a également annoncé la mort de dix soldats dans les dernières 24 heures, cette retraite a une lourde portée symbolique après que les forces ukrainiennes ont déjà abandonné en août l'aéroport de Lougansk, l'autre région sécessionniste de l'Est.
Le commandant du bataillon Azov et député du parti "Front Populaire", Andriï Biletski, n'a pas caché son amertume. "C'est stupide, méchant et une trahison de négocier maintenant. Après une défaite, on ne peut pas espérer une armistice sur de bons termes. Il n'y a rien de plus humiliant et idiot que d'attendre la pitié de l'ennemi", a-t-il écrit sur sa page Facebook.
Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Pavlo Klimkine a lui évoqué une impasse diplomatique avec les Russes pour régler le conflit alors que la situation se précipite sur le terrain. "C'était un Borodino (autre nom de la bataille de la Moskova entre l'armée napoléonienne et l'Empire russe): une bataille diplomatique où personne n'a gagné ni perdu."
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