C'étaient, en effet, les résultats du dernier trimestre 2017, sans précédent. Apple, le constructeur de l'iPhone, a annoncé 73 milliards d'euros de chiffre d'affaires sur ces seuls trois dernier mois, avec 25% de profits nets (17 milliards d'euros). Cela veut dire qu'Apple, sur ce dernier trimestre de l'année, fait plus de 2.000 euros de profits nets par seconde.
Amazon a fait +40% de chiffre d'affaires, à 50 milliards sur le trimestre, quand Facebook a fait +47%. Quant à Google, il a affiché aussi une croissance de ses revenus pour le trente-deuxième trimestre consécutif.
C'est la croissance qui explique de tels chiffres. Si vous voulez encore un chiffre extravagant qui témoigne de l'emprise de ces sociétés, sachez qu'elles pèsent maintenant pour 3.000 milliards d'euros à la bourse américaine. C'est une fois et demie le PIB français pour seulement cinq sociétés.
Toute la presse financière ici est remplie quotidiennement de chiffres avec d'innombrables zéros, pour témoigner des records qui se succèdent, et particulièrement dans les cours boursiers.
Jamais la bourse américaine n'a affiché autant de records successifs de son histoire qu'en 2017. Et ça continue en 2018, avec l'annonce d'une réforme fiscale qui va permettre aux entreprises d'économiser sur leurs impôts des sommes considérables. C'est la foire aux milliards.
Que font les entreprises de tout cet argent ? C'est le débat économique le plus important du moment. Pour l'administration Trump, l'argent va évidemment repartir dans l'économie, sous la forme d'investissement. C'est le fameux théorème de Schmidt, du nom de l'ancien chancelier allemand : "Les profits d'aujourd'hui font les investissements de demain et les emplois d'après-demain".
Ce théorème est pourtant controversé, en particulier par un économiste français qui travaille à l'université de New York, Thomas Philippon, qui vient de publier un papier académique assez inquiétant sur l'avenir de l'hypercapitalisme américain. "Il n'y a plus assez d'investissement dans l'économie américaine", dit-il, et cela s'explique principalement parce que "les entreprises ont acquis des positions, sinon monopolistique, du moins de force sur leur marché".
Selon lui, elles sont donc moins contraintes d'investir pour se défendre. Les sommes considérables qu'elles gagnent (les chiffres de ces derniers jours en témoignent) sont donc rendues aux actionnaires, avec cette mode du rachat d'actions : les entreprises rachètent, sur le marché boursier, leurs propres actions (je vous avais déjà parlé de ce phénomène).
Comme elles achètent, le cours montent, et ceux qui possèdent des titres sont plus riches. Elles détruisent leur propre capital pour enrichir leurs actionnaires, au détriment de l'investissement dans l'économie.
Outre-Atlantique, les entreprises cotées ont dépensé plus de 900 milliards d'euros à ce petit jeu sur les deux dernières années. Et c'est l'une des explications de la forte hausse récente des cours. C'est une perversion profonde du capitalisme, au profit des actionnaires et des dirigeants.
Car les dirigeants sont toujours, ou presque toujours, actionnaires de leur employeur. En réalité, lorsqu'ils rachètent des actions, c'est à eux-mêmes qu'ils servent une bonne petite louche de milliards.
Il est possible que cela finisse mal, par un bon krach, qui sanctionne toujours les comportements aberrants. Un avant-goût a été donné en fin de semaine dernière, avec une chute sévère des valeurs boursières de New York.
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