Le bilan de la folie meurtrière de Niels Högel s'alourdit encore. Cet infirmier allemand de 41 ans est soupçonné d'avoir provoqué les décès de 106 patients, généralement tués par injection médicamenteuse. Une affaire "unique" dans l'histoire judiciaire contemporaine du pays. Et le bilan pourrait encore s'alourdir : des expertises toxicologiques restent en cours pour cinq autres cas suspects en Allemagne, ont précisé jeudi 9 novembre le Parquet et la police d'Oldenbourg, au nord-ouest du pays, dans un communiqué commun.
Un porte-parole de la justice allemande a par ailleurs précisé qu'une "exhumation avait été demandée aux autorités turques dans trois cas" de morts suspectes. Ces personnes, décédées en Allemagne, ont été enterrées en Turquie. "Une mise en accusation par le Parquet de Niels (Högel) devrait vraisemblablement intervenir en début d'année prochaine", selon ce communiqué.
Fin août dernier, les enquêteurs avaient déjà annoncé que cet infirmier, déjà condamné à la perpétuité en 2015, était soupçonné d'avoir tué au moins 90 patients, et peut-être même deux fois plus. Certains cas seront toutefois impossibles à prouver, malgré les exhumations et les centaines de témoignages recueillis, avaient-ils admis.
Cela dépasse tout ce que l'on aurait pu imaginer
Johann Kühme, chef de la police d'Oldenbourg
En août dernier, le chef de l'enquête, Arne Schmidt, avait jugé cette affaire "unique dans l'Histoire de la République fédérale" en raison de son ampleur. C'est "effrayant, cela dépasse tout ce que l'on aurait pu imaginer", avait renchéri Johann Kühme, chef de la police d'Oldenbourg.
Niels Högel a généralement tué des patients à l'aide de surdoses médicamenteuses injectées lorsqu'ils étaient en réanimation dans deux hôpitaux, à Delmenhorst, une ville du nord-ouest de l'Allemagne et Oldenburg, où il avait travaillé entre 1999 et 2005.
Il n'avait pas de "préférences" d'âge ou de sexe pour ses victimes sinon qu'il "préférait les patients se trouvant dans un état très critique", avait expliqué Arne Schmidt.
Selon les dires de l'infirmier, il pratiquait ces injections pour amener les patients au seuil de la mort afin de démontrer sa capacité à les ramener à la vie. Seul motif invoqué : "l'ennui".
L'infirmier avait déjà été condamné en 2015 à la perpétuité pour deux meurtres et quatre tentatives s'étant soldées par la mort ultérieure des patients.
L'affaire avait éclaté à l'origine en 2005, lorsqu'il avait été surpris par une collègue en train de faire une piqûre non prescrite à un patient dans la clinique de Delmenhorst, ce qui lui avait valu en 2008 sa première condamnation pour tentative de meurtre. L'enquête avait été relancée en janvier 2014 car l'intéressé avait admis auprès d'un codétenu une cinquantaine d'homicides.
Par la suite, il avait dit à un expert psychiatre avoir commis une trentaine de meurtres et s'était aussi attribué une soixantaine de tentatives. Il "n'arrive pas à se souvenir de chaque cas. Mais dans plus de 30 cas, il se souvenait des patients concrètement et de son comportement", avait expliqué en août la cheffe du Parquet d'Oldenbourg, Daniela Schiereck-Bohlemann.
Cette affaire est aussi celle des dysfonctionnements dans les deux cliniques où l'infirmier a pu travailler. Bien que les décès de patients aient eu lieu le plus souvent alors que Niels Högel était de service, aucun mécanisme interne n'a donné l'alerte. Les cliniques de Delmenhorst et d'Oldenbourg sont ainsi visées par une enquête pour déterminer les responsabilités, les enquêteurs estimant que les meurtres auraient pu être empêchés.
Des affaires similaires ont fait les grands titres de la presse allemande ces dernières années, sans pour autant atteindre l'ampleur des agissements de Niels Högel. Surnommé "l'Ange de la mort", un autre infirmier, Stephan Letter, a été condamné en 2006 à la prison à perpétuité pour avoir tué 28 malades en Bavière (sud). Un an plus tôt, une infirmière du prestigieux hôpital de la Charité, à Berlin, avait été condamnée à la même peine pour le meurtre par surdose de cinq patients.
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