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Afghanistan : 11 policiers condamnés pour avoir fermé les yeux sur le lynchage d'une femme

En mars dernier, ils avaient laissé une foule haineuse tuer une jeune femme en pleine rue. Mais ce verdict ne fait pas l'unanimité.

Des manifestants devant la Cour suprême de Kaboul le 24 mars 2015, après le meurtre de la jeune Farkhunda
Crédit : Farkhunda
La rédaction numérique de RTL & AFP
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C'est une décision rarissime en Afghanistan. Onze policiers ont été condamnés, ce mardi 19 mai, à un an de prison pour ne pas avoir empêché le lynchage d'une femme en pleine rue. L'affaire avait suscité un vif émoi en mars dernier, en Afghanistan mais aussi à l'étranger.

Le tribunal de première instance a condamné pour "négligence de devoir" les policiers, dont cinq cadres, pour avoir laissé une foule transie de haine de lyncher dans les rues de Kaboul Farkhunda, 27 ans, accusée à tort d'avoir brûlé un Coran. La jeune femme est devenue un symbole des violences faites aux femmes en Afghanistan.

Quatre condamnés à mort

Tous les condamnés ont encore la possibilité de faire appel, a précisé mardi le juge Safiullah Mojaddidi lors de l'audience à Kaboul. 

Huit autres policiers ont été relaxés, faute d'éléments à charge dans ce qui reste une rare condamnation contre des policiers afghans.

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Début mai, le même tribunal avait condamné à mort quatre hommes pour ce lynchage, dont un imam autoproclamé qui avait attisé la colère de la foule, et requis 16 ans de prison pour huit autres personnes.

Un meurtre barbare diffusé sur internet

Farkhunda avait été battue à mort, puis brûlée et jetée dans le lit d'une rivière à Kaboul, par une foule furieuse qui l'accusait d'avoir profané le livre saint de l'islam.

De nombreuses images du meurtre, filmées à l'aide de téléphones mobiles, avaient inondé les réseaux sociaux. Outre les hommes s'acharnant sur la jeune femme, elles montraient aussi des policiers passifs devant la foule déchaînée.

Or l'enquête a révélé que Farkhunda n'avait jamais brûlé le Coran, mais plutôt dénoncé les activités d'un vendeur d'amulettes comme étant non conformes à l'islam. Contrarié, cet imam autoproclamé l'avait accusée de blasphème et avait mobilisé la foule pour la lyncher.

Les femmes mobilisées

Le drame, condamné à la fois par le président Ashraf Ghani et les talibans du mollah Omar, a provoqué de nombreuses protestations en Afghanistan, mais aussi dans plusieurs capitales européennes.

Des centaines de personnes, choquées par sa mort violente se sont mobilisées. Et fait rare en Afghanistan, le cercueil de la jeune femme a été porté au cimetière à Kaboul par des femmes.

Le frère de la victime voulait des peines plus sévères

Interrogé par l'AFP sur ce nouveau verdict, le frère de la jeune victime, Mujibullah, visiblement déçu par le jugement, a déclaré ne "pas savoir si la 'négligence de devoir' mérite ou non un an de prison".

Ce dernier avait déjà sévèrement critiqué le verdict des juges, regrettant que quatre personnes, et non davantage, aient été condamnées à la peine capitale pour le meurtre de sa soeur.

Un procès pour l'exemple ?

De leur côté, des organisations de défense des droits de l'homme se sont inquiétées de l'impartialité des procédures judiciaires et du recours à la peine de mort dans cette affaire, qui a remis en cause l'influence de certains leaders religieux, autoproclamés nommés les "faux mollahs", et suscité la grogne sur le traitement des femmes.

"Ce procès donne l'impression que le gouvernement afghan souhaite des procédures expéditives... afin de passer à autre chose", a récemment regretté Heather Barr, spécialiste de la question du droit des femmes pour l'organisation Human Rights Watch

Cinq violeurs pendus

Dans un rapport publié en avril, l'ONU avait souligné que l'accès à la justice pour les femmes devait être "renforcé" en Afghanistan. Ce texte estime notamment que seulement 5% des affaires dans lesquelles les auteurs sont identifiés mènent à des procès et des condamnations. 

En octobre, cinq hommes ont été pendus à Kaboul dans une affaire de viol qui avait suscité l'indignation en Afghanistan. L'ONU et plusieurs organisations de défense des droits de l'homme avaient demandé au président Ashraf Ghani de surseoir à ces exécutions. En vain. 

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