Aujourd’hui, les deux constructeurs sont alliés, dans un mariage tout à fait atypique pour des entreprises. Pas de fusion, mais un contrôle de fait de Renault sur le Japonais, qui a été redressé il y a quinze ans par les Français alors qu’il était en faillite. Mais en quinze ans, le rapport de forces s’est complètement inversé. Nissan vaut aujourd’hui deux fois plus que Renault en Bourse. Il fabrique deux fois plus de véhicules et est bien plus rentable que Renault. Au point qu’en 2008, lors de la grande crise, Renault aurait pu connaître le sort de Peugeot-Citroën (c’est-à-dire la quasi-faillite) s’il n’avait pas eu son partenaire japonais pour l'épauler.
L’État est actionnaire historique de Renault. Il a augmenté sa participation au capital de l’entreprise tout récemment, à l’initiative d’Emmanuel Macron, le ministre de l’Économie. L’idée était de se faire attribuer des droits de vote double, réservés aux actionnaires de long terme, qui permettront à l’État de peser sur la stratégie du groupe. C’est cela qui pose problème aux Japonais. Ils sont plus puissants, ils sont plus profitables, le sauvé est devenu le sauveteur. Et pourtant, ils sont contrôlés par Renault, et ils n’ont même pas de droits de vote au conseil. Et voilà qu’en plus, ils pourraient subir les décisions de l’État français ou de ses représentants. Les Nippons sont furieux, même le gouvernement est intervenu publiquement au sujet de l’affaire.
Il y au moins deux divergences. L’emploi en France, d’abord. Renault, pour faire remonter sa production dans l’Hexagone après des années de chute sévère (75% de ses véhicules sont maintenant produits à l’étranger), a décidé de fabriquer aussi des Nissan sur ses propres chaînes de production. Tout cela s’est fait sous la pression du gouvernement français et des salariés de Renault. Les Japonais redoutent qu’il n’y ait d’autres transferts d’activité sous contrainte politique, si l’Etat contrôlait les décisions du groupe. Nissan craint le retour du bon vieil étatisme français, qui n’est jamais bien loin, quelle que soit la couleur politique du gouvernement. Il y a aussi le salaire de Carlos Ghosn. C'est l’un des patrons français les mieux payés, avec 12 millions d’euros par an, ce qui irrite toujours le pouvoir politique français.
Les Japonais semblent cette fois-ci ne pas vouloir baisser la tête. Ils veulent rééquilibrer cette alliance. Pour cela, ils envisagent deux solutions, selon la presse nippone : soit réduire la participation de Renault au capital de Nissan ; soit augmenter celle de Nissan chez Renault, en obtenant des droits de vote. On voit mal comment ils ne pourraient pas obtenir cela.
C’est le paradoxe : alors que le gouvernement voulait renforcer le poids de l’État, il pourrait bien avoir réussi à déplacer vers le Japon le centre de gravité du constructeur auto. C’est ce qu’on appelle une opération de Pieds nickelés.
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