La baisse du prix du pétrole fait chavirer l'équilibre géopolitique
REPLAY / ÉDITO - La baisse du cours du pétrole ne profite pas aux entreprises européennes de pétrochimie, car la concurrence américaine se fait rude dans ce domaine.
Le pétrole deux fois moins cher qu'il y a un an, ça fait des heureux. Mais pas que... Regardez les économies occidentales. Tout n'est pas rose quand l'or noir est si peu cher : 43 dollars sur le marché américain, 53 dollars pour le pétrole de la mer du Nord. "C'est 20 milliards d'euros de pouvoir d'achat pour les Français", se réjouissait mercredi 18 mars le ministre des Finances, Michel Sapin. Une véritable bouffé d'oxygène !
Cela représente 10 milliards d'euros pour les particuliers qui économisent sur leur carburant et leur chauffage, et 10 milliards d'euros pour les entreprises qui paient leur énergie moins cher. C'est bon aussi pour les caisses de l'État. Vous économisez sur votre essence, vous allez dépenser ailleurs et la TVA va rentrer dans la besace de Bercy.
On estime que la baisse du prix du pétrole va nous faire gagner un demi-point de croissance, comme ça, sans nous bouger.
Pourquoi donc s'inquiéter ? Parce que les industriels français commencent à froncer les sourcils, et en particulier ceux de la chimie. Aux États-Unis, grâce à l'extraction du gaz de schiste, le pétrole est tellement bon marché que toute la pétrochimie américaine est en train de rapatrier ses usines aux USA. Ça coûte moins cher. Leurs produits - par exemple tout ce qui est plastique - sont de plus en plus compétitifs. C'est toute l'industrie lourde européenne qui va devoir affronter ces cette nouvelle concurrence américaine.
Quand le prix du baril baisse de 1 dollar, Moscou perd automatiquement 3 milliards de dollars
Bénédicte Tassart
Il y a aussi le cas russe. C'est vraiment catastrophique pour ce pays. Le pétrole pas cher coule à flot, impossible de remonter les prix. L'Opep et les États-Unis produisent sans faillir et bradent leur pétrole. La Russie, deuxième exportateur mondial, est obligée de les suivre dans leur course folle et aligne aussi ses prix.
Mais la Russie, elle, n'a presque que son pétrole pour vivre. Quand le prix du baril baisse de 1 dollar, Moscou perd automatiquement 3 milliards de dollars. Conséquence : la Russie a vu s'envoler en fumée en un an 135 milliards d'euros. Elle affronte une crise majeure, qui commence à affecter ses banques. Pareil pour d'autres pays producteurs, comme le Venezuela, l'Iran, l'Algérie et d'autres pays africains exportateurs de pétrole.
Le pétrole pas cher, c'est chouette pour l'automobiliste. Mais à ce niveau de prix, c'est tout l'équilibre géopolitique qui peut chavirer.
Le bloc-notes
- Florissimo ouvre ses porte à Dijon. Près de 200.000 visiteurs sont attendus. Les ventes de fleurs et de plantes sont en baisse en France, avec un budget annuel de 123 euros par an et par ménage. 75% des besoins horticoles sont importés. Vous achetez beaucoup de roses du Kenya.
- Les taux d'emprunt sont bas. Profitez-en si vous avez des projets. Aux États-Unis, la Réserve fédérale annonce une prochaine hausse des taux directeurs dans les mois à venir, après sept ans de taux zéro.
La note du jour
11 sur 20 à une bonne initiative de la SNCF, qui veut multiplier les commerces en gares. C'est très lent ! Il y a du travail : seules 400 des 3.000 gares proposent des commerces aujourd'hui. On ne trouve du Wifi gratuit que dans 20 gares seulement.
