L'État envisage en réalité de vendre les "bijoux de famille" pour boucler des fins de mois difficiles. Il a besoin d'argent. D'où l'idée de taper dans son patrimoine qui pèse 85 milliards d'euros, voire 110 milliards si on compte les entreprises non cotées. L'État possède des parts significatives dans 74 entreprises françaises. Au sein de celles-ci, l'énergie est le secteur qui pèse le plus lourd, avec en particuliers EDF où la participation publique représente plus de 40 milliards d'euros.
On va sûrement vendre un morceau d'EDF. L'État possède 85% de l'entreprise ; il peut descendre jusqu'à 70%, selon la loi. Pour GDF - Suez, le seuil légal se situe à 33% (on n'est est pas loi). Quant à RTE, le gestionnaire du réseau d'électricité français, il est détenu en totalité. Cela pourrait changer. Le secteur des transports serait aussi concerné. On va vendre une série d'aéroports (Toulouse-Blagnac, Lyon-Saint-Exupéry, voire ADP).
Vendre le patrimoine public dès qu'on a besoin d'argent, tous les gouvernements l'ont fait. Depuis dix ans, l'État a vendu pour 25 milliards d'euros. Le vrai problème, c'est ce que l'on fait de cet argent. Si c'est pour réinvestir, pourquoi pas ?
Que l'on cède ce qui n'est pas stratégique pour l'État au profit de ce qui présente un intérêt pour la collectivité, c'est bien. Arnaud Montebourg avait cédé des parts d'Orange, EDF et Safran, notamment pour financer la prise de participation dans le constructeur Peugeot. C'est aussi très positif quand on s'en sert pour désendetter l'État. Là, on diminue les charges futures de la collectivité.
Ce qui est plus contestable, c'est d'utiliser le produit de ces ventes aux dépenses ordinaires. Dans ces cas-là, on hypothèque les recettes de demain. Le secteur de l'énergie rapporte l'essentiel des 4 milliards annuels que l'État retire de ses participations. Le vendre, c'est réduire ce montant pour les années qui viennent. Exactement comme quand Dominique de Villepin avait vendu les concessions d'autoroute.
Emmanuel Macron, le ministre de l'Économie, a annoncé 5 à 10 milliards de cession pour les temps qui viennent. C'est beaucoup. Cela serait grave de les affecter aux dépenses habituelles, et non pas à l'investissement et au désendettement.
En principe, on ne vendra que là où l'État possède des droits de vote doubles - là où il pourra conserver son mot à dire. En principe aussi, il y a des seuils en-deçà desquels le gouvernement n'a pas le droit de descendre. C'est dans la loi.
Les annonces de Ségolène Royal sont un peu curieuses. Partout dans le monde, le secteur de l'énergie est désormais considéré comme stratégique. On voit les États non pas privatiser, mais au contraire nationaliser, ou en tout cas surveiller de très près les entreprises de ce secteur. La France fait le chemin inverse.
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