L'Estonie jouit de bonnes performances économiques
REPLAY / ÉDITO - L'Estonie, pays où la bureaucratie n'existe pas, bénéficie d'une économie raisonnable. Le taux de chômage est de 6,4%, et la dette atteint 10% du PIB.
L'Estonie un pays incroyable où la bureaucratie n'existe pas. C'est une autre planète, inimaginable pour un Français habitué au supplice de l'administration. Vous souhaitez, par exemple, vous garer à Tallinn, la capitale, dans le vieux centre avec ses églises à bulbes ? Pas besoin de parcmètres : il suffit d'envoyer son immatriculation par SMS. Vous êtes alors immédiatement géolocalisé, et on vous débite le prix du stationnement.
Tous les citoyens reçoivent à 15 ans une petite carte sécurisée qui sert à la fois d'identité, de compte bancaire, de permis de conduire, de carte de transport public, de clé pour payer ses impôts et de dossier médical personnalisé. Elle sert aussi pour signer un contrat de travail ou pour vérifier les bulletins de notes de ses enfant.
Carte à tout faire
Il y a plusieurs milliers d'applications de ce petit bout de plastique. Tout le monde la sort tout le temps à tout propos. C'est une sorte d'avatar, de double électronique qui permet de tout faire à distance en un clic, car il y a des réseaux de wifi gratuit partout.
Toutes les démarches peuvent s'effectuer avec cette carte. Toutes, sauf trois : acheter un logement, se marier ou divorcer. On peut même créer une entreprise. À un entrepreneur à qui on demande combien de temps il lui avait fallu pour créer sa boîte, il répond : "Une quinzaine minutes". Avant de poursuivre : "Et encore, j'en ai pris quatorze pour choisir le nom..."
Il n'y a qu'un seul taux d'impôt sur le revenu, à 20%, qu'on soit riche ou pauvre
François Lenglet
L'absence de bureaucratie doit expliquer en partie les bonnes performances de ce petit État de 1,3 million d'habitants. L'autre facteur, c'est probablement la fiscalité. Là aussi, on a fait simple, presque à l'excès. Il n'y a qu'un seul taux d'impôt sur le revenu, à 20%, qu'on soit riche ou pauvre. Aucune niche fiscale, aucune réduction, aucun abattement : tous les citoyens paient 20% d'impôt prélevés directement sur leur salaire.
Quant aux entreprises, elles ne payent pas d'impôt sur les bénéfices, sauf s'ils sont distribués aux actionnaires. Le système est tellement simple qu'il n'existe pas de conseillers fiscaux dans le pays. Ils seraient au chômage.
L'État estonien se finance avec l'impôt. La ministre des Finances explique qu'il n'y a que très peu de fraudes, comme tout est informatisé. Ainsi, 96% des Estoniens déclarent leurs revenus et paient leurs impôts par internet. Le pays est d'ailleurs en excédent budgétaire. Il a une dette de 10% du PIB seulement. Il projette de la rembourser intégralement dans les toutes prochaines années.
Les ingrédients du miracle
Pas de bureaucratie, pas de déficit, pas de dette. On pourrait rajouter peu de chômage, puisque le taux de sans emploi est de 6,4% seulement. Si l'Estonie est une telle exception en Europe, c'est qu'elle s'est construite à partir de rien il y a vingt-cinq ans, lorsque l'Union soviétique a explosé. Elle faisait partie de l'URSS auparavant. Les Estoniens, libérés de la lourde tutelle communiste, ont réussi à construire un pays neuf, en faisant complètement table rase du passé.
Leur farouche désir d'indépendance, très puissant face au voisin russe qui n'est guère aimé, le consensus social propre à un petit pays, et une sagesse toute nordique, qui les fait ressembler aux Finlandais, ont été les ingrédients du miracle estonien.
