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France : l'industrie de l'armement sort du trou d'air
REPLAY / ÉDITO - Alors que le commerce extérieur est toujours dans un état critique, le matériel militaire "made in France" a réalisé des performances particulièrement brillantes.
Le commerce extérieur français est toujours dans un état critique. Il y a pourtant quelques secteurs qui tirent leur épingle du jeu. C'est notamment le cas de l'industrie de l’armement.
Après un gros trou d’air, le matériel militaire "made in France" a réalisé l’an dernier des performances particulièrement brillantes. Le solde de nos exportations a dépassé les 8 milliards d'euros (en hausse de plus de 17%).
C’est l’un des rares secteurs industriel qui activent positivement notre balance commerciale, par ailleurs en déficit de 54 milliards.
Retour en force de nos exportations
C'est une bonne nouvelle qu'il faut toutefois nuancer. Une part essentielle de cette performance est dû à ce que les militaires appellent un "éléphant blanc", c'est-à-dire une commande hors-normes de 3 milliards en provenance du Liban et financée par l’Arabie Saoudite.
Nous sommes d’ailleurs actuellement très dépendants du Moyen-Orient. Cette zone représente les trois-quarts de nos ventes. Les perspectives de gros contrats avec l’Egypte ne feraient que renforcer cette dépendance en 2015.
Trois raisons dominent pour expliquer ce retour en force de nos exportations militaires. La première c’est que la France, en dépit de fortes réductions de ses budgets de défense, reste une base industrielle et technologique unique en Europe, et la seule en mesure de concurrencer sérieusement les productions made in USA.
Nous sommes actuellement très dépendants du Moyen-Orient
Christian Menanteau
Le groupe naval DCNS est reconnu pour les performances de ses navires et de ses sous-marins. Airbus Group a du mal avec son avion de transport de troupes, mais propose des hélicoptères très haut de gamme, tandis que Thales et Safran sont en pointe dans les technologies de communications et de surveillance.
Le deuxième raison est structurelle. Nos industriels, qui ont multiplié dans le passé les fiascos pour de minables bisbilles franco-françaises (le plus spectaculaire étant le dossier des Rafales destinés aux Maroc), sont désormais tenus rênes courtes par le gouvernement.
Enfin, François Hollande et le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian constituent un tandem de VRP qui est reconnu très efficace par nos industriels qui, du coup, marchent d’un pas mieux cadencé.
Nos militaires moins bien équipés que nos clients
L'armée française n'en tire pas vraiment profit. Le budget de la Défense, qui est déjà court de plus de 2 milliards, n'en profite pas. Nos militaires sont paradoxalement moins bien équipées que beaucoup de nos clients.
Pour disposer d’avions ou de navires modernes, le gouvernement envisage une solution aussi exceptionnelle qu’inédite : équiper nos armées en leasing, comme on achète une Dacia. Avec des durées de locations variables selon les ressources financières de l’Etat.
Une idée qui est loin d’être majoritaire dans la majorité mais aussi dans les états-majors. Le Parlement devra donner son feu vert.
Le repère du jour
La production manufacturière ne recule plus en France. On est toujours 16% sous le niveau de 2008, mais le déclin semble enrayé. Si la consommation repart, un cycle plus vertueux pourrait s'enclencher.
La note du jour
12/20 au groupe Carrefour. Grâce à une nouvelle génération de meubles réfrigérés, il a doublé ses économies d'énergie dans 300 supermarchés. Les systèmes de refroidissement sont le premier poste de dépenses d'énergie dans cette activité.
