La patron de Gazprom se rend aujourd'hui à Athènes pour négocier la construction d'un des plus gros projets industriels du continent. C'est un gazoduc qui partirait du sud de la Russie, qui passerait sur la mer Noire, puis traverserait la Turquie vers l'Europe. C'est une chantier qui coûterait plusieurs dizaines de milliards de dollars. Le pipeline s’arrêterait sur le territoire grec, à la frontière turque. Parce que c'est là que viendraient s'approvisionner les Européens. Gazprom vend en fait à l'Europe 30 % du gaz qu'elle consomme. C'est considérable.
Aujourd'hui ce gaz transite par l'Ukraine mais cela pose beaucoup de problèmes logistiques financiers et même politiques. Puisque les pays sont en quasi guerre. Les Russes cherchent donc à éviter l'Ukraine avec un nouveau tracé par le sud. Une situation qui ne desservirait pas la Grèce. Lors de négociations secrètes qui se sont passées il y a quelques semaines à Moscou, Alexis Tsipras, le premier ministre grec, aurait obtenu une redevance financière très importante de la part des Russes en échange de l'installation du terminal sur le sol grec. Et selon l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, Athènes aurait même obtenu une avance sur recette. Entre trois et cinq milliards de dollars. Le tuyau ne serait opérationnel qu'en 2019.
Ce serait une manne pour le gouvernement impécunieux qui ne sait même pas s'il va pouvoir faire la paye des fonctionnaires ce mois-ci. À court terme, peut-être que la Grèce pourrait même payer ses créanciers. Mais cette affaire recèle quand même des dangers importants. Parce qu'il se déroule une gigantesque partie d'échec géopolitique dans les Balkans.
Car les Russes sont obsédés depuis longtemps par cette partie de l'Europe qui gouverne leur accès aux mers du sud, la Méditerranée ou la Mer Noire. Ils cherchent donc des alliés dans cette zone. L'arrivée d'un gouvernement d'extrême gauche en Grèce il y a quelques mois, leur donne l'occasion de revenir dans le jeu. Ils manipulent donc Tsipras. Les Russes ont par exemple failli faire obtenir que la Grèce face capoter les nouvelles sanctions contre la Russie. Car il faut l’unanimité de tous les pays européens pour cela.
Et puis, de son côté la Grèce fait un peu un chantage à l'Europe. Sans aide, le pays menace de passer du côté des Russes. Un changement d'influence inédit en Europe, d'autant plus que la Grèce fait partie de l'OTAN, l'organisation stratégique et militaire pilotée par les États-Unis. On pourrait craindre que des informations très importantes passent entre les mains de Moscou via Athènes.
L'Europe est donc très préoccupée par la montée en puissance de l'alliance entre Athènes et Moscou parce que les conflits se multiplient avec la Russie. Notamment la guerre en Ukraine, mais aussi les menaces militaires croissantes que la Russie fait peser sur la Baltique, avec des manœuvres d’intimidation qui inquiètent toute la Scandinavie. Mais un nouveau dossier se profile, économique cette fois. Car demain, Bruxelles lance une enquête sur Gazprom, pour abus de position dominante. C'est la commissaire à la concurrence, la danoise Margrethe Vestager qui pilote l'affaire. on reproche à Gazprom de fausser la concurrence sur le marché de l'energie en pratiquant des contrats abusifs.
Si Athènes acceptait l'aide financière russe, elle ferait donc, aux yeux de l'Europe, un pacte avec le diable.
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