En Italie, le chômage touche 39,1% des 16-25 ans. C'est bien plus qu'en France où il est déjà très élevé, à près de 25%. Et encore, ce chiffre n'est qu'une moyenne nationale. Dès qu'on descend en-dessous de Rome, on atteint des niveaux catastrophiques : 56% dans la région de Naples, la Campanie ; 57% en Sicile ; et presque 60% de jeunes au chômage en Calabre. Ces trois régions figurent parmi les plus désastreuses de toute l'Europe, juste derrière la Grèce et au même niveau que l'Espagne du Sud.
Le Mezzogiorno, le sud de l'Italie, est littéralement en train de s'effondrer au plan économique, car il vivait pour beaucoup de transferts budgétaires qui se sont taris avec la crise. Une ville comme Palerme est en déréliction. Il y a des quartiers complètement à l'abandon, où les ordures ne sont ramassées que de façon épisodique. On voit des mendiants, aux pompes à essence, qui vous proposent de faire votre plein pour quelques centimes. Et quand bien même il y a des emplois, ils sont sous-payés.
Dans la région des Pouilles, par exemple, le secteur des fruits et légumes est largement occupé par des travailleurs détachés de l'Est qui tirent à la baisse les salaires parce qu'ils sont rémunérés 3 ou 4 euros de l'heure, avec des conditions de travail dantesques.
On a vu Matteo Renzi, le Premier ministre, faire des communiqués de victoire sur l'emploi. Il claironne les résultats de son "jobs act", qui est une sorte de loi El Khomri à l'italienne, en se prévalant de 200.000 emplois sous le nouveau contrat créés en 2015. C'est vrai que le malade qu'est l'Italie recommence à bouger un peu. Mais il s'agit pour une part d'emplois transférés de l'ancien droit du travail au nouveau, et les jeunes n'en profitent que peu.
L'économie au noir et ses petits boulots offrent aux jeunes des ressources parallèles qui permettent de vivoter en restant chez ses parents parfois jusqu'à 30 ans. Pour ceux qui restent au pays, ils vont grossir les rangs des partis contestataires - le mouvement des 5 étoiles du comique Beppe Grillo, en particulier, qui prône la sortie de l'euro. Les autres quittent l'Italie. Les jeunes Italiens ont renoué avec la tradition d'émigration qui a fait s'installer leurs ancêtres d'abord aux États-Unis, au début du XXème siècle, et en Europe du nord ensuite, jusque dans les années 1970.
À la différence des vagues d'émigration du siècle dernier, celle d'aujourd'hui est constituée de personnes qualifiées, qui viennent d'ailleurs en majorité du nord du pays, contrairement à ce qui se passait auparavant. Selon les dernières statistiques officielles italiennes, les partants étaient presque 100.000 en 2013, soit 20% de plus que l'année précédente, qui elle-même était en augmentation de 30% par rapport à 2011.
Ils vont d'abord en Allemagne et au Royaume-Uni, là où sont les opportunités. Dans ce dernier pays, ils constituent la troisième nation créatrice de start-up, derrière les Indiens et les Irlandais. Au total, les deux-tiers de ces migrants italiens ont des moins de 35 ans, lassés de se cogner aux portes closes des entreprises dans leur pays.
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