Areva, l'ex-champion du nucléaire français qui est en faillite, va donc être découpé en morceaux et recapitalisé. Qui va payer pour ce sauvetage ? D'abord l'État, c'est-à-dire le contribuable, puisque Areva est à plus de 80% une entreprise publique. Cela se fera pour un montant qu'il est difficile de préciser aujourd'hui, mais qui s'évalue, non pas en centaines de millions d'euros comme on l'avait pensé, mais peut-être en milliards.
Ensuite, très probablement aussi EDF, qui devrait reprendre une partie d'Areva, le département qui construit les réacteurs nucléaires, pour 2 milliards d'euros. EDF demande également qu'à cette occasion, on lui permette d'augmenter un peu davantage le tarif de l'électricité en France, pour financer plus facilement tout cela.
Si on résume, deux catégories de personnes vont payer. Les contribuables, c'est à dire nous ; et les consommateurs d'électricité, c'est à dire... nous. Et bien sûr les salariés d'Areva, qui vont voir 6.000 emplois disparaître, en principe sans licenciements.
La nouvelle société sera-t-elle viable ? Pour ce qui est repris par EDF, oui. EDF est évidemment très solide, même si l'on peut avoir quelques questions sur l'efficacité d'une entreprise intégrée, qui fabrique les réacteurs nucléaires dont elle a besoin, qui est à elle-même son propre client. C'est comme un constructeur auto qui se mettrait à fabriquer les robots construisant les voitures.
L'expérience montre que les réussites de ce genre ne sont pas si simples. Mais EDF a l'expertise, et EDF est français : cela fait deux bons arguments. Restera à sauver la branche combustible d'Areva, et ça, c'est une autre paire de manches.
Il faudra aussi régler l'imbroglio du chantier d'Olkiluoto, en Finlande. On tente d'y construire un réacteur EPR depuis des années, une catastrophe industrielle qui se chiffre encore en milliards d'euros, et qu'EDF refuse d'assumer, à juste titre.
Peut-on encore croire à l'avenir du nucléaire dans le monde ? Oui. Quatre ans après Fukushima, le climat a quand même changé. Le Royaume-Uni a des projets importants. Il y en a aussi en Turquie, au Moyen-Orient, et surtout en Chine. Un tiers des réacteurs en chantier dans le monde se trouvent dans l'Empire du Milieu. Dans vingt-cinq ans, ce pays devrait produire la moitié de l'électricité nucléaire de la planète.
Pour Areva-EDF, l'accès au marché chinois est donc stratégique. Il n'y a pas d'avenir sans cela. D'où l'idée de faire entrer un ou des investisseurs chinois au capital de ce nouvel Areva, pour obtenir un ticket d'entrée sur le plus grand marché du monde en intéressant des Chinois à la réussite du constructeur.
On aurait ainsi à nouveau des Chinois au capital d'une grande entreprise française ? C'est envisagé sérieusement par EDF, parce que sur ce marché, on ne peut pas faire sans eux. C'est exactement la même logique que Peugeot-Citroën. Pour l'automobile aussi, la Chine est le plus grand marché du monde. Y accéder est vital. C'est pour cela aussi qu'on a ouvert le capital de PSA à Dongfeng.
En réalité, il y a deux raisons. L'accès au marché bien sûr, mais aussi le fait que certaines de nos entreprises sont passées tout près de la faillite. Cela nous met dans une situation de dépendance.
Symétriquement, cela offre de bonnes occasions aux Chinois pour prendre pied à bon compte dans des entreprises françaises en récupérant une technologie de haut niveau.
Notre fragilité a un prix. Un jour où l'autre, les Chinois feront sans nous, grâce à nous.
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