La mémoire vive et à vif. Malgré l’extraordinaire ferveur du peuple algérien pour leur équipe nationale, le souvenir douloureux de l’injuste élimination de 1982 perdure.
Entre excitation et engouement pour une équipe qui semble n’avoir jamais été aussi forte, l’Algérie frémit à l’idée d’une nouvelle déception. Les joueurs, qui entrent en piste ce mardi (18 heures) face à la Belgique, se savent investis d’une mission.
Pourtant, aucun des 23 sélectionnés par Vahid Halilhodzic n’avait vu le jour lorsque la formidable équipe de 1982 avait quitté l’Espagne, flouée mais avec les honneurs et l’infini respect d’un pays qui respire le football.
Emmenée par le grand Rabah Madjer, "El Khedra" suscitait le bonheur de ses supporters et avait une dimension politique éminemment stratégique, dix ans avant que "la décennie noire" ne décime le pays des Gladiateurs du désert.
En 1982, les Fennecs avaient ainsi humilié des Allemands beaucoup trop confiants et très peu respectueux du plus grand pays du Maghreb. Vainqueur 2-1, l’Algérie s’était ensuite lourdement inclinée face à l’Autriche avant de battre le Chili.
Après un non match avéré des Allemands face à des Autrichiens qu’ils devaient battre par plus de deux buts d’écart, l’Algérie, alors considérée par certains observateurs comme une des plus belles équipes du monde, est injustement priée de rentrer chez elle.
Qualifiée deux fois en Coupe du monde depuis (1986 et 2010), l’Algérie n’a jamais été en mesure de passer le premier tour. Aujourd’hui, plusieurs éléments rassemblent les souvenirs des Algériens qui espèrent un autre destin pour leur équipe nationale.
Pour une fois, on peut complètement oublier qui nous sommes et partir à travers des voyages lumineux
Yasmina Khadra, écrivain algérien
Pour la seconde fois de son histoire, l’Algérie a validé son ticket pour un deuxième Mondial consécutif dans une ferveur incroyable dont le paroxysme aura sûrement été atteint lors du dernier match de barrage face au Burkina Faso.
Comme en 1982, les Fennecs se retrouvent face à un prétendant au titre pour leur premier match de la compétition. Et si le peuple ne craint plus un "arrangement" odieux, il soutiendra son équipe pour un bonheur qui rimera toujours avec douleur.
"Pour une fois, on peut complètement oublier qui nous sommes et partir à travers des voyages lumineux. Quand l’équipe nationale participe à la Coupe du monde, il y a des morts par crise cardiaque. Ce sont vraiment des épreuves. On souffre, mais on savoure cette souffrance", déclarait ainsi l’écrivain et supporter algérien Yasmina Khadra dans les colonnes du Parisien.
En 1982, la bande à Madjer évoluait soit en Algérie, soit en France dans les clubs comme le RC Paris, Alger, le GC Mascara ou l’OGC Nice. La première participation de l’équipe nationale à la Coupe du monde était donc un formidable vecteur d’exportation pour un pays qui commençait à s’émanciper footballistiquement depuis le début des années 1960 et son indépendance.
Aujourd’hui, à l’heure de faire disparaître ses vieux démons, l’équipe algérienne est un condensé d’internationaux qui ne souffrent plus d’aucune frontière. De l’Inter Milan à Valence en passant par Reims et Naples, les joueurs Algériens n’ont plus soif de découvrir le monde ; ils veulent désormais le conquérir.
En 2007, l’Algérie n’avait rien ressenti quand, 25 ans après sa plus grande déception sportive, le défenseur allemand Hans-Peter Briegel avait reconnu à demi-mot le préjudice et s’en était platement excusé.
À l’heure de faire face aux Diables Rouges pour purger les mémoires, l’Algérie n’a plus besoin d’excuse. "El Khedra" doit simplement renouer avec les valeurs qui avaient fait, il y a plus de 30 ans, l’immense fierté de son peuple… Inspirés de leurs prédécesseurs, le Fennecs se remémoreront les mots que le sélectionneur de 1982 avait eu avant le départ pour l’Espagne.
"L’Algérie représentera l’Afrique, elle essayera de jouer sans complexe. Elle ira disputer ses chances. Le football n’est pas une science exacte. L’essentiel c’est d’y croire et pourquoi pas de prétendre à de bons résultats", avait-il expliqué. Aujourd’hui, à Belo Horizonte, Mahiedine Khalef pourrait parfaitement mener la causerie.
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