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Dopage en Russie : les révélations insolites du rapport McLaren
Décapsuleur magique, sel, Nescafé... Richard McLaren a dévoilé certaines pratiques étonnantes du programme institutionnalisé de dopage en Russie entre 2011 et 2015.
Sel et Nescafé... Selon le rapport final du juriste canadien Richard McLaren, telle est la combinaison utilisée pour fausser les résultats de certains contrôles de dopage en Russie entre 2011 et 2015, qui a bénéficié à plus de mille sportifs. Le mix détonnant a été utilisé notamment pour des tests effectués en amont des Jeux Olympiques de Londres en 2012 depuis un laboratoire de Moscou. Laboratoire dirigé par le docteur Rodchenkov, dont les révélations ont déclenché l'enquête menée par le juriste canadien.
Le second volet du rapport, publié le 9 décembre par Richard McLaren, permet de mettre en lumière le processus qui a mené à l'utilisation de cette technique artisanale : "Dans les mois menant aux Jeux de Londres, l'AMA [Agence mondiale antidopage, ndlr] a effectué des tests ciblés en Russie, parmi différentes disciplines sportives",indique le rapport McLaren. "En fonction de la discipline, l'instance chargée de collecter ces échantillons était soit l'agence russe antidopage Rusada, soit une fédération sportive internationale." Ces 67 échantillons, chacun au nombre de deux par athlète, étaient par la suite transportés à Moscou, au laboratoire afin d'y être analysés. L'usage en vigueur y était d'enregistrer dans le système relié aux bases de données de l'AMA les tests positifs, indiquant une possibilité de dopage, comme négatifs.
Comment transformer des échantillons d'urine ?
Mais lorsqu'en août 2012, le docteur Grigory Rodchenkov a reçu la demande de l'AMA de conserver plus longtemps ces échantillons, et les faire parvenir au laboratoire de Lausanne après les Jeux Olympiques pour de nouvelles analyses, il a fallu trouver une combine. Certains échantillons demandés par l'AMA étant de faux négatifs. Le laboratoire moscovite a donc entrepris de diluer des échantillons d'urine avec du sel et des granules de Nescafé afin de les faire correspondre au second échantillon propre, gardé sous scellés.
Cependant, la combine a échoué dans le cas de deux athlètes : Anastasiya Kapachinskaya (athlétisme) et Darya Pishchalnikova (lancer de disque). Pour la première, le seul échantillon disponible a été dilué afin que la concentration en produit dopant soit moins importante. Pour la seconde, l'urine a été remplacée par une autre, aux traces de dopage plus faibles, mais cela n'a pas suffi.
Le décapsuleur magique
En 2012, aucune technique n'avait été mise au point afin d'ouvrir les échantillons sous scellés sans que ceux-ci ne soient endommagés. Selon le rapport McLaren, les décisionnaires au sein du sport russe, dont la ministre des Sports et le FSB (services secrets), ont alors souhaité développer une technique afin de s'assurer que la dissimulation des résultats serait totale. Le but étant de pouvoir desceller les seconds échantillons, les remplacer et les refermer sans laisser de traces. La technique a été mise au point en février 2013. Le rapport décrit un ustensile "pas plus grand qu'un stylo Mont-Blanc et ressemblant à un instrument de dentiste, avec un manche et une fine partie métallique qui peut être pliée selon plusieurs angles". Des méthodes qui ont conduit le juriste canadien à conclure que ces manipulations des contrôles antidopage n'étaient en réalité rien d'autre qu'une "conspiration institutionnelle".
