Quand on pense "Fashion Week", on fantasme immanquablement sur Paris, Londres, Milan et New York, les quatre capitales de la mode. La folle saison des défilés printemps-été 2017 s'est terminée en beauté ce mercredi 5 octobre avec la maison Miu-Miu au cœur de la capitale française. Mais de l'autre côté de la méditerranée, une autre semaine de la mode commence à s'imposer comme nouvel eldorado des créateurs et créatrices de demain.
Plus confidentiel, cet événement s'est tenu du 6 au 10 octobre à Dubaï. Au total, vingt maisons de dix pays arabes ont participé à cette Arab Fashion Week. Pour Dubaï, l'objectif est clair : rejoindre le clan très fermé des capitales de la mode et développer un nouveau secteur économique au Moyen-Orient. Une histoire d'argent, en somme.
D'un autre côté, cette Arab Fashion Week met sur le devant de la scène une nouvelle génération d'hommes et de femmes ambitieux. Avec leurs créations, certains n'hésitent pas à bousculer les codes vestimentaires de leurs pays ultraconservateurs. Tour d'horizon de ces audacieux artistes.
"Je veux voir les femmes porter nos vêtements, être indépendantes et parler librement", proclame Leen Shieshakly, jeune styliste de 26 ans. Avec sa mère Suzan Farhoud, elle a présenté sa nouvelle collection Out of the Garden samedi 8 octobre devant un public formé en majorité de femmes, certaines en jupe, d'autres en abaya, la tenue traditionnelle du Golfe.
Avec des mini-robes, des jeans moulants et des chemises transparentes, le tout émaillé de couleurs et de broderies, le duo affirme sa volonté de "briser les codes" de la mode arabe. "Nous voulons que les Saoudiennes ne voient plus le jean comme un habit de tous les jours (...) mais qu'elles le portent même dans les occasions spéciales", explique à l'AFP Leen Shieshakly, qui a été éduquée aux États-Unis. Quant à Suzan Farhoud, dont la mère est allemande, elle cultive sa personnalité "moitié arabe, moitié occidentale" en cherchant à "mêler le moderne à l'élégant".
Les deux créatrices affirment que leurs créations sont bien reçues en Arabie saoudite, où la femme est pourtant tenue à un stricte code vestimentaire qui lui impose d'être couverte, en public, de la tête aux pieds. Mais les Saoudiennes aisées sont friandes de mode et s'habillent dernier cri dans l'espace privé.
Pour elles, la créatrice Arwa Al-Ammari a conçu une nouvelle collection élégante de robes, manteaux, jupes et tops décorés de feuilles, fleurs et oiseaux. "Cette collection a été inspirée par la nature tropicale", souligne la styliste, formée en Grande-Bretagne.
Ses créations mélangent tulle, jacquard et dentelle. Elles sont généralement conservatrices avec des manches et des jupes longues. "Je garde à l'esprit le besoin d'être internationale, tout en créant quelque chose de convenable pour la région", explique-t-elle. "Même dans l'espace privé, je préfère les manches longues car je les trouve plus élégantes".
Pour Caroline Rush, qui dirige la London Fashion Week, cette tendance ne se limite pas au monde arabe. "Je pense que la mode pudique est certainement quelque chose qui se développe dans le monde occidental", estime-t-elle. Cette observatrice avisée qualifie les collections des Saoudiennes de "très différentes en termes de style mais aussi de très ouvertes". "La puissance douce autour de l'innovation et en particulier de la mode est un message très fort sur la manière dont les cultures sont en train de changer". Car, selon elle, la mode est, mieux que les médias traditionnels, "un moyen fantastique" pour souligner cette évolution des mœurs.
Des hijabs sur un podium. C'était une grande première à New-York, le 14 septembre dernier. À Dubaï, autre première fois, ce vendredi 7 octobre, avec la présentation d'une collection unisexe, signée par le Canado-jordanien Rad Hourani. Le Moyen-Orient n'en avait alors jamais vue jusque là.
L'objectif du créateur est évident : briser les frontières, en commençant par celles du genre. Sa collection Printemps-été 2017 est un mélange retravaillé de ses archives passées et vise à mettre en valeur "l'intemporalité" de ses 10 ans de travail dans la mode unisexe.
J'ai dû travailler très dur ces dix dernières années pour transmettre la vision neutre de l'unisexe.
Rad Hourani
"Au début, les gens ne comprenaient pas. Ils demandaient quelles pièces étaient pour les hommes et quelles pièces pour les femmes", se souvient le styliste, la voix douce. "J'ai dû travailler très dur ces dix dernières années pour transmettre la vision neutre de l'unisexe", désormais sa marque de fabrique.
À travers sa création, le styliste développe sa propre "vision" de la vie, comme il aime l'appeler. Il se targue de mener une vie "exempte des limites (imposées par le) genre, la race, l'âge ou la nation".
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