L'Apple TV est-elle le futur de la télévision ?

Dans sa biographie officielle, Steve Jobs confiait à Walter Isaacson qu'il "voulait faire pour la télévision ce qu'il avait fait pour les ordinateurs, les lecteurs de musique et les téléphones : les rendre élégants" et imaginait déjà comment "elle se synchroniserait en continu avec tous vos appareils et avec iCloud". Commercialisée depuis le 30 octobre, la dernière version de l'Apple TV ambitionne ni plus ni moins que de "changer la télévision", comme l'a annoncé le successeur de Steve Jobs à la tête de la marque à la pomme lors sa présentation en septembre. Le pari est-il tenu ?

"Le futur de la télévision, ce sont les applications"

Au fil de ses précédentes évolutions depuis sa sortie fin 2006, l'Apple TV s'est fait une place au soleil (20 millions d'exemplaires vendus) dans le marché très concurrentiel des boxes et boîtier multimédias connectés. La dernière version, sortie en 2012, permettait d'accéder à un catalogue de vidéos à la demande et de streamer tous les fichiers résidents stockés sur votre Mac, votre iPad ou iCloud en un clin d’œil. La nouvelle version évolue sur la base d'un parti pris fondateur : "Le futur de la télévision, ce sont les applications", comme l'a prophétisé Tim Cook pendant la keynote de présentation.

L'Apple TV sert avant tout à regarder des films et des séries. Elle dispose pour cela du catalogue maison iTunes et celui d'applications et de services basés sur la vidéo (sans prendre en charge la 4K à l'inverse des derniers iPhone) comme Netflix, Canal Play, Arte, DailyMotion  Vimeo ou YouTube. Elle permet aussi d'écouter de la musique via le service Apple Music ou MixCloud. Elle revêt une dimension vidéo-ludique avec des jeux calqués sur ce que propose la Wii et permet de se maintenir en forme via des applis fitness. Au total, le magasin d'applications compte une centaine d'applis. Encore embryonnaire, il devrait gagner en densité au cours des prochains mois et donner de l'épaisseur à l'Apple TV.

Siri change tout...dans la VOD pour l'instant

Après une installation rapide via un iPhone déjà connecté au réseau Wifi de la maison et un câble HDMI, l'Apple TV affiche une interface proche de la précédente version mais l'expérience utilisateur se rapproche de celle d'iOS. La navigation et l'ergonomie sont améliorées, l'essentiel des actions se font via des gestes simples grâce à la télécommande "Siri Remote". Elle affiche une zone tactile et dispose de 5 boutons : Siri, le son, lecture/pause, le menu et l'écran. En intégrant l'assistant virtuel d'Apple elle peut désormais répondre à des questions humaines pour accéder à des contenus ou faciliter la navigation.

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À l'inverse de l'iPhone, utiliser Siri devient vite un réflexe sur l'Apple TV. Contrairement aux autres produits Apple, il faut maintenir le bouton appuyé pour lui poser une question. Siri s'exprime par écrit à l'écran et peut donner les prévisions météo, les résultats sportifs et beaucoup d'autres informations. Elle peut chercher des films et des séries selon des critères précis, comme les James Bond avec Daniel Craig ou l'épisode de Friends dans lequel joue Brad Pitt. Pendant le visionnage d'un film ou d'une série, Siri peut répondre à des questions et effectuer des actions (sous-titres, pause, avance de dix minutes, affichage du casting du film...) En affichant les résultats des recherches en surimpression sans interrompre le programme, l'Apple TV esquisse un début de télévision augmentée. 

En revanche, on regrette rapidement qu'Apple n'ait pas pensé à ajouter un bouton de dictée vocale pour utiliser Siri dans d'autres applications. Taper un mot de passe, rechercher une application ou un morceau sur YouTube peut tourner à la crise de nerf : il faut sélectionner les lettres les unes après les autres sur un clavier affiché à l'écran via la télécommande. D'autant que Siri n'est pour l'instant compatible qu'avec la vidéo à la demande. Il est également dommage que les seuls appareils supportés en Bluetooth soient une manette de jeu et un casque audio. L'ajout d'un clavier physique sans fil aurait été une aide précieuse pour fluidifier l'interface de l'Apple TV.

Une console de jeu de salon dans l'esprit de la Wii

Grâce à la télécommande qui peut se muer en manette, l'Apple TV fait aussi office de console de jeux vidéo de salon, de la même manière que l'iPhone peut se muer en console portable. Elle s'adresse ici aux joueurs occasionnels et compte une bonne dizaine de titres, la plupart payants. Parmi eux, Beats Sport semble calqué sur le célèbre jeu de la Wii et propose plusieurs activités pour lesquels il faut tenir la télécommande à l'horizontale avec une dragonne, qui n'est cependant pas vendue avec l'Apple TV (15 euros sur l'Apple Store), pour ne pas risquer de l'expédier dans son téléviseur. 

Apple avait annoncé plusieurs titres adaptés spécialement pour son boîtier. Rayman et Guitar Hero sont déjà disponibles en attendant Star Wars. On retrouve également plusieurs jeux déjà connus des utilisateurs d'iPhone comme Asphalt 8. La puce A8 qui équipe l'Apple TV se révèle globalement efficace et offre de bons graphismes sans souffrir de ralentissements. En revanche, la télécommande est parfois victime d'une certaine latence pendant les mouvements. Apple propose une manette bluetooth développée avec SteelSeries (50 euros sur l'Apple Store) pour une meilleure expérience. D'une manière générale, les jeux où l'interaction consiste dans l'essentiel à des balayages  et des pressions sur le trackpad de la télécommande s'en sortent le mieux. À voir comment les développeurs tirent profit des possibilités du boîtier à l'avenir.

Apple Music dans le salon

L'Apple TV sonne également l'arrivée d'Apple Music dans le salon. On retrouve une interface dans la lignée de celle du service de streaming audio lancé par la marque à la pomme cet été. Les sections "Pour Vous" (où sont recommandées des playlists) et "Beats One" (la radio numérique continue animée par des DJ vedettes) sont particulièrement agréables à utiliser. De bon augure pour profiter de son catalogue musical sur le home cinéma du salon même si l'on regrette qu'il ne soit pas encore compatible avec Siri car la navigation est d'autant plus laborieuse que la bibliothèque musicale est fournie. Apple affirme qu'il ne s'agit que d'une question de temps et table sur le début de l'année 2016 pour voir arriver les commandes vocales.

Conclusion

Au final, l'Apple TV est agréable à prendre en main et devrait séduire les fans de l'écosystème Apple. La navigation et l'interface ont été simplifiés et se rapprochent de l'expérience offerte par l'environnement iOS. L'intégration de Siri apporte une plus-value indéniable dans le visionnage de films et de séries qui se transforme en frustration dans les autres applications qui ne sont pas encore compatibles.

Sans être le futur de la télévision, cette nouvelle version de l'Apple TV corrige les défauts des précédents modèles et devient une plateforme multimédia à part entière. Si plusieurs aspects sont à revoir (l'absence de dictée vocale notamment), elle augure d'un avenir prometteur qui va dépendre du développement du magasin d'applications et du rapprochement entre le logiciel de l'Apple TV et ses équivalents pour iPhone et Mac (notifications, mode multitâche, etc.). L'Apple TV est vendue 179 euros en version 32 Go et 229 euros pour 64 Go.