La presse revient bien sûr très largement ce matin sur la disparition de Jean Rochefort. On va bien sûr évoquer dans un instant ces hommages, extrêmement nombreux, mais d'abord je voudrais vous lire du Jean Rochefort.
Nous sommes en
2012, pendant les Jeux Olympiques de Londres. Pendant quelques jours, l'acteur,
grand fan de chevaux, délaisse la cravache pour la plume, le quotidien Le Monde publie alors ses chroniques. Récit notamment d'un dîner à l'Élysée où Jean
Rochefort s'est retrouvé à table avec la reine Elizabeth II, c'était sous Valéry
Giscard-d'Estaing.
"J'avais dit oui comme ça, raconte-t-il un soir de spleen, pensant que nous
serions 400 au minimum, que je rencontrerais des copains." Ce n'est qu'une fois
arrivé sur place, après avoir bu deux whiskys qu'il interpelle l'huissier. "J'ai
dû me tromper de jour", dit-il. "Pas du tout monsieur, lui répond son
interlocuteur. Sa Majesté, monsieur Kissinger et monsieur le président seront là
dans un quart d'heure." "Dîner à 20h30", lance l'huissier qui lui rappelle au
passage : "Surtout pas de baisemain à la reine, juste une légère
inclinaison".
15 minutes plus tard, Rochefort s'exécute, le voilà assis face à la reine.
Kissinger l'interpelle, problème : Rochefort parle l'anglais mais ne le comprend
pas. "Si seulement je pouvais fondre, raconte-t-il, devenir une flaque, qu'on ne
me questionne pas surtout, sur rien !" "Je ne sais même plus, écrit-il, si notre
président est l'initiateur de Jurassic Park ou du Futuroscope."
C'est finalement sa passion, le cheval qui va le sauver. Après de longues
minutes, Giscard informe la reine que Jean Rochefort n'est pas seulement acteur
mais aussi éleveur. "Sa Majesté et votre serviteur, écrit-il, échangeront sur
bourricot, canasson, bourrique, victoire, défaite et odeur du crottin pendant
toute la soirée." "J'ai compris alors, ajoute-t-il ,que le président français
m'avait invité pour pouvoir parler tranquillement entre hommes de pouvoir."
Jean Rochefort dont le visage fait la une de quasiment tous les journaux. Un
regard pétillant, l'oeil qui frise, un regard qui semble faire la révérence, "un
look à l'imparfait du subjonctif", écrit Guillaume Tion dans Libération, qui titre "Cavalier seul". "Rochefort, écrit le quotidien, c'était symbole de
l'élégance à la française. En 70 ans de carrière, il se sera sans doute forgé un
solide capital sympathie, davantage attaché à son personnage qu'à l'épaisseur de
ses rôles." L'acteur qui, pendant des années refusait le cinéma pour le théâtre,
le reconnaissait d'ailleurs : "Quand je tournais Angélique, Marquise des anges
avec Michèle Mercier dans la journée, je jouais Harold Pinter le soir. Les
enfants et les chevaux, il faut que ça mange."
Des enfants, Jean Rochefort en aura 5 avec 3 femmes. "Les femmes, disait-il, ont toujours voulu faire plein d'enfants avec moi. Que voulez-vous, elles me trouvaient rassurant." Clémence, sa plus jeune fille, a publié hier un très joli message sur les réseaux sociaux, message repris ce matin dans la presse. Photo d'elle toute petite avec lui, les yeux dans les yeux. On ne sait pas qui des deux est le plus fasciné. "C'était, écrit-elle, ta photo préférée. À ta pudeur, à ta générosité, à ton autodérision, à tes doutes, tes passions, ton humour, à tes coups de cafards et tant d'autres choses. Tu vas me manquer."
"Vous allez nous manquer", c'est aussi le titre du Parisien-Aujourd'hui en
France ce matin. "Il y a, écrit Stéphane Albouy, des visages qui rassurent, des
voix qui apaisent. Jean Rochefort avait les deux. Plus qu'un comédien ou qu'une
vedette, il était devenu un compagnon de notre vie, un oncle de province qu'on
ne croise qu'une ou deux fois par an mais dont le regard ou le sourire suffisait
à nous faire nous sentir bien." "Il a su, rappelle le quotidien, et c'était sa
grande force, parler à toutes les générations."
On ne voit pas d'ailleurs quelle génération est passée à côté de ce monsieur
malice. En 2007, il s'était ainsi entendu comme larron en foire avec Mister
Bean, il y avait joué le maître d'hôtel du restaurant Le Train Bleu. Rochefort
avait ensuite résumé comme personne Madame Bovary à la manière d'jeunes, c'était
pour France 5, une série "Les Boloss des Belles Lettres". "L'histoire d'un p’tit
puceau tout mou comme les chocapic au fond de leur bol. Il plane à 10.000 et tu
sens le malaise en lui. Son blase, c'est Charles Bovary". Les mômes avaient
adoré. Quelques années plus tôt, c'est aux parents de ces d'jeunes qu'il
s'adressait, contant les aventures de Winnie l'ourson pour France 3. Vous allez
nous manquer Monsieur Rochefort.
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