Netflix : "Si la loi ne change pas, tout le monde va préférer les téléchargements illégaux", affirme Reed Hastings

Tout le monde en parlait depuis des mois et cette fois, c'est fait. Netflix est disponible en France. Le géant américain a ouvert son service de vidéo à la demande lundi 15 septembre. Le patron de Netflix, Reed Hastings, s'est déclaré "ravi".

"Cela faisait un an que nous attendions de nous lancer ici en France. La réception a été excellente sur les réseaux sociaux. Demain (mardi), nous connaîtrons le nombre d'abonnés", explique-t-il à RTL.
L'objectif ? Conquérir un foyer français sur trois d'ici cinq à dix ans.

Reed Hastings compte miser sur les séries originales de Netflix pour satisfaire ce but et asseoir sa réputation. Orange is the New Black ou Hemlock Grove figurent au catalogue français. "Ces séries vont nous lancer", prédit l'entrepreneur américain. La série française Marseille, bientôt en tournage, sera également diffusée à partir de l'année prochaine et pourrait être distribuée dans le monde entier, avance Reed Hastings.

"C'est tout le système qui doit évoluer pour donner plus d'options aux consommateurs car, à la fin, tout le monde va préférer les téléchargements illégaux"

Reed Hastings

Son arrivée en France établie, Netflix doit encore faire face à l'exception culturelle française et à la difficulté de la chronologie des médias (l'interdiction de diffuser des nouveaux films immédiatement en vidéo à la demande). "La chronologie des médias est un souci, c'est vrai, concède Reed Hastings. On n'a pas le droit de diffuser des nouveaux films. Il faut attendre trois ans. En Belgique, nous avons beaucoup de nouveaux films mais pas en France. il faut respecter la règle."

Selon le patron de Netflix, c'est tout le système français "qui doit évoluer. pour donner plus d'options aux consommateurs sinon, à la longue, tout le monde va préférer les téléchargements illégaux et là il n'y a aucune règle de chronologie." 

Netflix compte pourtant bien s'accommoder de la loi française. "Nous ne pouvons pas faire du lobbying pour changer la loi", explique Hastings. La solution du géant américain ? Investir dans des séries télévisées qui ne sont pas soumises à la chronologie des médias. 

"Nous sommes les premiers exportateurs du cinéma français"

Reed Hastings

Financièrement, la plateforme de VOD (dont le siège est à Amsterdam) ne contribue pas à l'exception culturelle mais estime œuvrer pour le rayonnement de la culture française dans le monde. "Nous sommes les premiers exportateurs du cinéma français comme Intouchables", se défend Reed Hastings. "Nous investissons dans la production française car il y a d'excellents scénaristes en France", ajoute-t-il.  

Le ministère de la Culture a d'ailleurs insisté pour que Netflix investisse davantage dans des productions tricolores. La série Marseille n'est qu'un début. Reed Hastings croit en la créativité française. "À long terme, l’inventivité française est tout aussi bonne qu'aux États-Unis, en Allemagne et au Japon."