Isabelle Morini-Bosc : "Une enquête complète sur ces nantis des safaris-massacres"

"Ma fille en a des grosses comme ça, bien plus grosses que celles de bien des mecs qu'on rencontre dans le milieu du cinéma". Il n'a pas tort, l'auteur de cette formule très imagée qu'on croirait sortie des Tontons flingueurs. Son nom ? Jean-Pierre Mocky. La "fille" dont il parle, on l'a compris, c'est donc la sienne, Olivia Mokiejewski. Elle a choisi de se faire un nom en gardant le sien, Mokiejewski. Le vrai nom de la famille dont le "paternel" a gardé la racine. Mocky, Moké... Et comme lui elle entend bien se "Moker" des "qu'en dira-t-on" qui empêchent d'avancer.

Le père agace certes parfois, mais il faut lui reconnaître une forte personnalité de toute évidence héréditaire. Pourquoi parler de cette journaliste aujourd'hui ? a) D'abord pour éviter de parler du désastreux match OM-OL, avec ces images de violence visibles jusqu'à la nausée. Que dire de plus et de mieux que les spécialistes qui ont exprimé leur dégoût sur un sujet qu'ils connaissent tellement bien que je me dois de seulement les écouter. b) Ensuite parce que Olivia, on la retrouve ce soir à 20h55 du côté de Canal+, dans une enquête remarquable et remarquablement complète sur ces nantis "de tous bords et de tous débords" qui vont se payer des sensations fortes en Afrique, dans des safaris-massacres allant de 50.000 à 200.000 euros l'un.

Un lion tiré à bout portant

Si on peut qualifier de "sensation forte" le fait de tirer "pas à bout portant mais pas loin" un lion préalablement sélectionné, et donc très vite "localisé" avant d'être abattu puis "évidé" (on n'ose pas dire comme un chien !). L'un des talents de cette "fille de l'autre", c'est de ne jamais agresser. Talent qu'on avait déjà constaté dans sa magistrale découverte de la "planète Coca-Cola" (elle s'y mettait juste un chouïa trop "en situation") et dans l'enquête suivante consacrée à la "filière du cochon" (elle a été la première à faire un travail exhaustif menant...à bon porc !).

Ce soir encore, elle donne encore la parole à tous sans idée préconçue sur aucun; tout au plus a-t-elle un sentiment de départ assorti d'une envie de vérifier s'il est ressenti à tort ou à raison. Là, les différentes "parties prenantes" lui parlent donc : les chasseurs fiers de leur prise et surtout d'eux mêmes; les guides surpayés; les taxidermistes débordés; les fermiers douteux,etc. Personne n'est absent du "tableau de chasse", pas même le bon samaritain désolé parce que "le lion est mort ce soir" mais qui fait pourtant ce curieux aveu : ces safaris sanglants permettent -mais oui- de financer la sauvegarde de plusieurs espèces. Qu'ajouter ? Rien.

Sinon demander aux humanistes (sincères) qui "revendiquent le fait de préférer les hommes aux lions ou aux éléphants" s'ils pensent qu'il y justement beaucoup à attendre humainement de ceux qui vont "coûte que coûte" (et ça leur coûte ce maximum!) "faire des cartons" sur tout ce qui bouge là où d'autres, pour se distraire, se contentent eux de le taper, ce carton !