Isabelle Morini-Bosc : "The Apprentice sur M6 condamné à ne pas faire de vieux os"

ÉDITO - L'émission "The Apprentice", lancée sur M6 le 9 septembre a essuyé un échec cuisant avec à peine plus d'un million de curieux devant le poste.

Bruno Bonnell est le patron français choisi pour l'adaptation de "The Apprentice" sur "M6"

Le chef d'entreprise Bruno Bonnel me disait récemment qu'il serait très fier si l'émission The Apprentice était diffusée dans les grandes écoles, histoire de "raconter la vie en entreprise" à de jeunes loups qui sortiront frais émoulus des grandes écoles comme un fromage frais à la louche sort du moule. Il ne croyait pas si bien dire, notre "pédégé" lyonnais, tant ce programme lancé le mercredi 9 septembre dernier à 20H55 sur M6 a tourné "au cas d'école". Mais pas comme la production (Endemol) l'espérait.

On rappelle le principe : un brillant patron se cherche un adjoint parmi 14 candidats (choisis entre mille) avec parité complète entre les hommes et les femmes, les diplômés et ceux qui ne le sont pas. Le but est de les soumettre tous à des tests on ne peut plus concrets permettant de vérifier leurs capacités de négociateurs, de vendeurs, et leurs compétences techniques. Exemple d'épreuves, au hasard : savoir créer des aliments pour chiens ou encore laver des tonnes de pièces de linge, une épreuve intéressante amenant certains d'entre eux à laver en plus leur linge sale en famille.

La chaîne, qui attendait beaucoup de cette nouveauté, ne s'attendait donc pas à un tel échec. Moi non plus. À peine plus d'un million de curieux (restés tout de même du début à la fin) le premier soir, 892.000 hier. Les téléspectateurs ne sont pas venus, les analystes n'en sont pas revenus.

Disséquer les raisons de l'échec

Il y a ainsi urgence à disséquer une dernière fois cette hebdomadaire : a) Le public a cru à tort que, en pleine crise économique mondiale, la télé jouait à la roulette russe avec les emplois, façon "plouf-plouf, ce sera toi qui l'auras et les autres dehors". Le programme comprenait pourtant de vraies leçons riches d'enseignement pour ces jeunes mufles confrontés à de sympathiques vrais commerçants de la vraie vie. Et confrontés aussi aux observations constructives des "seconds" de Bruno Bonnel. b) Étaient en revanche contre-productives les bandes-annonces agressives montrant des perdreaux de l'année plus arrivistes qu'arrivés, avec une volonté farouche d'évoluer dans des "sphères" intéressant autant le grand public que les théories de Gaston Bachelard en 20 volumes. Pas "plus antipathiques que ça", mais globalement pas plus sympathiques non plus ! Plus intéressés qu'intéressants pour la plupart.

Et même les téléspectateurs qui avaient choisi de suivre ce programme, faute de pouvoir s'attacher, l'ont vite regardé d'un œil détaché. Ils vont pouvoir changer d'émission comme la mouche change d'âne (!) : À la place du prochain The Apprentice exceptionnellement programmé jeudi prochain, M6 devrait en effet proposer le dernier inédit de la dixième saison de Bones (22ème sur 22!) initialement prévu ce soir à la suite du 21ème épisode. C'est quand même farce qu'une spécialiste des vieux squelettes (l'anthropolgue Bones) remplace une émission condamnée à ne pas faire de vieux os.

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