Le plus célèbre peintre du XXe siècle et le plus célèbre sculpteur du XXe siècle sont réunis à Paris. C'est la première fois que les œuvres de Pablo Picasso et d'Alberto Giacometti sont confrontées au Musée Picasso, à Paris. L'exposition, qui se tient jusqu'au 5 février 2017, montre la grande complicité qui reliait ces deux géants de l'art, malgré les 20 ans d'âge qui les séparaient. Quand Giacometti arrive à Paris de sa Suisse natale en 1922 pour étudier la sculpture, Picasso est déjà le plus célèbre des artistes d'avant-garde. Giacometti découvre alors le travail de Picasso, ce "monstre", comme il l'appelait. Et "monstre" dans sa bouche n'avait rien de péjoratif. Les tableaux cubistes et surréalistes, vont choquer le jeune Giacometti, puis le séduire.
En fait, Giacometti va suivre le même cheminement que Picasso : après l’avoir pratiquée, il s'éloigne de la représentation classique, académique, pour innover et devenir à son tour, vingt ans après Picasso, un des maîtres de l'avant-garde. Le point d'orgue de son œuvre étant évidemment ces sculptures fameuses, épurées, effilées, qu'il a réalisées après la seconde guerre mondiale.
Tous les deux avaient des pères artistes. Des peintres assez réputés qui les ont inévitablement poussés dans cette voie. Picasso et Giacometti ont commencé à peindre et à sculpter très jeunes. C’est un des nombreux points qu’ils avaient en commun. Au musée Picasso, les tableaux qu’ils ont réalisés à l'âge de 14 ans, celui d’Alberto Giacometti qui peint le portrait de son frère Diego, et celui de Picasso, le portrait d'une jeune fille aux pieds nus. Il n'y a plus aucun doute sur le génie respectif des deux artistes. Mais le plus émouvant ce sont les autoportraits qu'ils ont réalisés à l'âge de 20 ans. Picasso, en pleine période bleue, se peint emmitouflé dans un manteau noir tandis que Giacometti, se montre en train de se peindre.
Leur amitié était basée sur une admiration réciproque. Ils se voient pour la première fois en 1931. C'est Miro qui emmène Picasso visiter l'atelier de Giacometti. Et leur relation va se poursuivre jusque dans les années 50. Dans l'exposition, on découvre comment tous les deux ont traité les grands thèmes de l'art que sont le corps féminin, l'amour et la mort d'une manière très proche, en s'inspirant de l'art africain, égyptien et de celui des Cyclades pour inventer d'autres formes de représentations, jusqu’à ne plus chercher à représenter, mais créer, simplement créer, tels des démiurges de leurs temps.
La période cubiste et surréaliste est magnifiquement illustrée par des chefs d'oeuvre comme La Boule suspendue ou L'objet Désagréable. Et puis avec le temps, le style violent, parfois désagréable, très sexuel de Giacometti, va s'estomper. Après la guerre, Giacometti et Picasso vont tous les deux revenir vers une représentation plus réaliste. Ils s'intéressent de nouveau au quotidien. Peignant et sculptant leurs muses, leurs proches et leurs animaux. Ils avaient d’ailleurs des chats et des chiens en communs.
L'exposition Picasso - Giacometti montre le génie de deux forcenés de l'art, qui n'hésitaient pas à remettre en question leur travail pour sans cesse se renouveler. Vous avez jusqu'au 5 février prochain pour leur rendre hommage.
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