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"Le dernier message d'Éva", le polar ultra-sombre de Pierrick Gazaignes
NOUS L'AVONS LU - Le deuxième roman de l'auteur mêle intrigue policière et verve ciselée. La banlieue parisienne n'a jamais été si oppressante.
Pierrick Gazaignes, auteur du "Dernier message d'Éva"
Crédit : Editions Philippe Rey
Angel est un homme plus tout jeune, pas vraiment vieux non plus. Il a perdu sa femme, emportée par un cancer. Depuis, il remonte la pente à petits pas, épaulé par ses collègues et ses enfants. Lors d'une opération dans une cité en banlieue à l'approche de Noël, il fait une macabre découverte : le corps d'une fille, jeté dans une cave, parmi les gravats et la poussière. Le degré zéro de l'humanité est là, sous ses yeux. Il est loin de s'imaginer à quel point cette échelle descend bas.
Le dernier message d'Éva est le second roman de Pierrick Gazaignes. Mais si le jeune auteur écrit du polar, c'est avant tout vers l'âme de ses personnages qu'il a le regard braqué. Il les écrit soigneusement, comme de vieux camarades que l'on dessinerait sur un coin de feuille à leur insu.
Noir désir
Les codes du noir sont bien là : des flics, des corps, des réseaux, de la drogue et de l'alcool. Beaucoup d'alcool. Le langage aussi, familier, usé. On entre dans le monde des flics par la porte de service et on s'y promène, surpris par la dureté des situations, heurté par ces corps qui jonchent les enquêtes. Partout autour du héros, le désir est noir. Assombrie par le poids des années, le quotidien mortifère et l'absence de libido, cette enquête, pour Angel, n'est pas qu'une affaire de principe. C'est aussi une recherche de sa propre vitalité, un moyen d'aller au bout et de toucher le fond... pour mieux remonter.
Les bons, les brutes et les autres
Bien sûr, il y a les stéréotypes du genre, toujours très présents dans ce deuxième roman. Flics ripoux contre flics sympas : le monde de Gazaignes est manichéen, comme destiné à ne jamais changer. Il n'est pas sans rappeler, non plus, ces épisodes de séries polar, qui alternent entre glauque sombre et enquête policière. Pourtant, on se met à y croire lorsque des personnages nuancés croisent la route du héros. Comme cette propriétaire de peep show au corps refait mais qui ne prend jamais une décision sans regarder la photo de sa grand-mère, qu'elle a affichée en face de son bureau. Ou ce toxicomane aux bras tatoués qui ne s'exprime que par évocations, comme s'il était habité par d'étranges démons...
