Premier grand coup de cœur de cette rentrée théâtrale : Fanny Ardant, qui joue au théâtre de la Gaîté-Montparnasse Des journée entières dans les arbres. Une pièce écrite par Marguerite Duras dans les années 1950.
Fanny Ardant y joue une mère qui aime son fils d'un amour exclusif, aveugle, dévorant.
Fanny Ardant débarque des colonies pour revoir son fils chéri avant de mourir. De ses 5 enfants, c'est lui qu'elle a laissé des journées entières dans les arbres à chasser les oiseaux plutôt que d'aller à l'école. Elle l'aime à en crever cet enfant. Et surtout qu'on ne lui dise pas qu'elle l'a mal élevé.
Marguerite Duras a signé là un texte anarchique, asocial, qui va à l'encontre de toutes les convenances. Comme l'éducation ou l'argent, sur lequel elle a des phrases définitives : "On est tous des gens d'argent, il suffit de commencer à en gagner" ou bien "C'est une misère d'être riche".
"La réalité ne m'a jamais intéressée, j'ai toujours aimé les provocateurs. Cette mère, elle est pragmatique, elle est dans l'incarnation des choses, elle a un rapport très sain avec l'argent, elle le claque pour ce qu'elle a envie. Elle n'a aucun jugement. On va sans arrêt lui reprocher d'aimer trop son fils, mais qui sont ces gens ?", s'interroge la comédienne.
Dans une société qui est de plus en plus policée, le texte de Marguerite Duras, écrit en 1954 est d'une modernité folle. Fanny Ardant est sublime en mère dévorante, qui joue un feu d'artifice avant de mourir. On a souvent dit que les mots de l'écrivain semblent avoir été écrits pour la comédienne.
La littérature doit vous apporter une sorte de miroir de consolation et de vérification que vous n'êtes pas tout seul
Fanny Ardant
"Je ne sais pas si elle me ressemble, répond-elle, mais j'ai toujours pensé que la grande histoire de la vie, c'était l'amour. Si vous regardez bien, dans les romans de Marguerite Duras, elle prend des héroïnes qui perdent la tête, qui deviennent folles, par amour. Elle parle de l'amour comme j'aurais aimé en parler, confie l'actrice. La littérature doit vous apporter une sorte de miroir de consolation et de vérification que vous n'êtes pas tout seul."
Le fils, un minable flambeur, une sorte de gigolo qui travaille la nuit dans un bar, est joué par Nicolas Duvauchelle, la violence à chair de peau. "Ça peut être quelqu'un de très doux et très enfantin, explique-t-il, et peut devenir très violent avec sa mère en deux secondes. Ça le fait pleurer qu'elle parte mais en même temps il a envie qu'elle meurt. C'est tout ce rapport d'amour et de haine qui se mélangent."
C'est tout ce rapport d'amour et de haine qui se mélangent
Nicolas Duvauchelle
Ce qui est bluffant dans cette pièce, c'est que l'on vient voir le duo Ardant Duvauchelle et on découvre une autre merveilleuse actrice, Agathe Bonitzer. Elle joue avec une délicatesse et une justesse infinie, la copine de Jackot. Une femme enfant spontanée, fraîche, une jeune fille qui vient de l'assistance publique, qui n'a aucune instruction et que Jackot a ramassée on ne sait où.
"Ça me plaisait de jouer une fille comme ça qui vient de nulle part, qui est sotte et très forte, raconte Agathe Bonitzer. Finalement c'est le seul personnage qui prend son destin en main et c'est ça qui me plait."
Des Journées entières dans les arbres, mis en scène par Thierry Klifa.
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