250.000 personnes en quatre jours aux Vieilles Charrues, 180.000 aux Solidays en trois jours et 102.000 aux Eurockéennes de Belfort. En ce début d'été 2015, les festivals français ont fait le plein, certains battant même leur record d'affluence comme les Vieilles Charrues et les Solidays. Mais pour ces grands rassemblements populaires, le succès n'est jamais garanti. Ces derniers doivent composer avec la hausse des cachets des artistes, des coûts d'organisation et, crise oblige, au désengagement des pouvoirs publics.
Avec la crise du disque, les concerts deviennent une manne financière de plus en plus importante pour les artistes. Ils ont donc augmenté leurs cachets. "Il y a 5 ou 6 ans, nous avions 1,7 million d'euros de budget programmation. Aujourd'hui, c'est 4 millions", explique Jérôme Tréhorel, le directeur général des Vieilles Charrues, à RTL.fr. La concurrence des festivals étrangers également tire les prix des artistes vers le haut. "Des événements en Belgique, au Portugal ou en Pologne mettent sur la table entre 1,5 et 3 fois plus que ce que nous proposons", s'inquiète Jérôme Tréhorel.
Pendant le week-end des Eurockéennes, il y a une quarantaine de festivals majeurs en Europe
Jean-Paul Roland, directeur des Eurockéennes de Belfort
Avoir de gros noms, comme Muse ou Sting, c'est l'assurance de séduire un public nombreux. Les exclusivités, très recherchées, sont difficiles à décrocher. D'autant que les manifestations se sont multipliées. "Sur le weekend des Eurockéennes, il y a environ une quarantaine de festivals majeurs en Europe, explique Jean-Paul Roland, le directeur du festival belfortain, pour RTL.fr. Pour attirer les têtes d'affiches, chacun avance ses arguments, qui ne sont pas forcément financiers".
Son rassemblement peut compter notamment sur une proximité avec les frontières allemandes et suisses, mais aussi un aéroport international voisin. Les Vieilles Charrues, elles, mettent en avant d'autres atouts. "Nous avons des points forts : nos équipes techniques savent accueillir de très grosses productions et nous avons le meilleur public du monde", s'enthousiasme Jérôme Tréhorel.
Les organisateurs doivent faire preuve d'ingéniosité pour attirer les festivaliers. "Avec moins de têtes d'affiche, on va miser sur la cohérence avec des plateaux de 4 ou 5 groupes", explique François Missonnier, directeur et fondateur de Rock en Seine, à RTL.fr. "Nous avons complètement modifié notre manière d'annoncer la programmation : maintenant, on donne les noms au fur et à mesure et on ouvre la billetterie fin novembre", confie le directeur des Vieilles Charrues.
Chaque année, il faut vendre 180.000 billets, l'équivalent de quatre stades de France
Jérôme Tréhorel, directeur des Vieilles Charrues
Car ces grands événements sont tributaires de leur public : 80% des recettes du festival breton viennent de la billetterie. "Chaque année, il faut que l'on vende 180.000 billets, l'équivalent de 4 stades de France", assure Jérôme Tréhorel. Cette année, il a fallu attendre trois à quatre semaines avant l'événement pour que le seuil soit atteint. "On en est à se demander s'il ne va pas falloir être complet pour être à l'équilibre", abonde le directeur des Eurockéennes. Et pour accueillir tous ces festivaliers, il faut mettre le paquet sur l'organisation.
Le public des festivals a changé : il est devenu plus familial. "Maintenant, il y en a même qui se brossent les dents au camping", ironise Jean-Paul Roland. Alors, chaque année, ces grosses machines investissent une partie de leurs bénéfices dans l'accueil. Il faut aussi compter les gendarmes, pompiers et sauveteurs, dont la mobilisation a un coût. Pour le directeur des Vieilles Charrues, les pouvoirs publics devraient baisser les charges et les taxes sur les salaires, à défaut d'apporter des subventions.
Car celles-ci sont également en baisse. Une situation que déplorent les organisateurs d'événements. "Nous disons aux collectivités territoriales d'investir dans leur territoire, sachant qu'il y a des retombées économiques", rappelle le directeur des Eurockéennes de Belfort. Face à cette situation, les festivals ont développé les partenariats privés. "Sur le sujet, on a encore une grosse marge de progression. Mais il ne faut pas non plus en fait l'alpha et l'oméga de la politique économique d'un festival", confie le patron de Rock en Seine.
Les partenariats privés ne peuvent pas être l'alpha et l'oméga de la politique économique d'un festival
François Missonnier, directeur de Rock en Seine
Les Eurockéennes, elles, misent sur le mécénat. "Mais nous atteignons un plafond dans les recettes", contrebalance son directeur, qui s'inquiète : "Si les subventions baissent encore, je ne vois pas comment nous pourrons conserver nos tarifs. Et on ne veut pas que le festival devienne un objet de luxe". Les événements français sont parmi les moins chers d'Europe : un jour à Rock en Seine coûte 49 euros, contre 95 euros pour son homologue anglais, le Leeds Festival.
Heureusement, tout n'est pas noir pour les grands festivals. "Il y a une ferveur pour ces grands rassemblements populaires", se réjouit Jean-Paul Roland. "Malgré les difficultés, nous réussissons chaque année à proposer une belle programmation, à proposer un gros festival", soutient François Missonnier, de Rock en Seine. Après tout, son festival va accueillir The Libertines pour la première fois. La même tête d'affiche... que Leeds.
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