Dans Grace de Monaco, Nicole Kidman apparaît souvent les yeux rougis, quelques fois en larmes. L'actrice incarne l'affliction d'une femme face à sa nouvelle vie de monarque. Grace Kelly était-elle - comme le décrit le réalisateur Olivier Dahan - une princesse malheureuse ?
Le cinéma lui manqua tout au long de son règne. L'Amérique aussi. La première scène de Grace de Monaco, diffusée le 14 mai en ouverture du festival de Cannes, montre Grace Kelly (Nicole Kidman) quittant définitivement les plateaux pour devenir princesse. Toujours filmée de dos, elle abandonne les studios pour rejoindre Monaco où elle doit épouser le prince Rainier III.
Ce renoncement représente un certain sacrifice. Dans les années 1950, sa carrière est en pleine ascension. Elle a enchaîné les succès avec Alfred Hitchcock (Mogambo, Le Crime était presque parfait, Fenêtre sur cour, etc.) avant d'obtenir l'Oscar de la meilleure actrice pour Une fille de la province en 1954.
Lors de la conférence de presse annonçant ses fiançailles avec Rainier, Grace Kelly affiche une mine grave, consciente que son choix va bouleverser sa vie. Le mariage entre le prince de Monaco et l'actrice a lieu en avril 1956, à peine un an après leur première rencontre.
Pour beaucoup, cette précipitation prouve qu'il s'agit d'un mariage arrangé. Olivier Dahan le sous-entend lui aussi. Après une dispute avec sa femme, on comprend que Rainier (Tim Roth), marié à 33 ans, a fait appel à ses conseillers pour choisir une épouse.
Grace Kelly doit se plier aux règles de la Principauté. Le protocole l'ennuie. Elle se sent enfermée. "Je sais où je serai chaque jour de ma vie", avait-elle confié à un de ses cousins.
Elle peine à se faire à la vie française. Elle ne connaît ni la langue, ni les coutumes locales. Elle fera importer des produits américains à Monaco. Sa famille, ses amis lui manquent. Malgré la distance, elle garde des liens très forts avec Cary Grant, Franck Sinatra et Alfred Hitchcock. Les trois hommes viendront régulièrement la voir.
"Durant les premières années, loin des États-Unis, il lui arrivait de ne vouloir répondre au téléphone qu'à ses amis américains, avait rapporté une secrétaire du palais, relayé par Le Point. Si le téléphone sonnait et que ce n'était pas une vieille connaissance à l'autre bout du fil, elle sombrait dans la mélancolie."
En 1962, après six ans loin des studios, Alfred Hitchcock lui propose à nouveau un rôle dans Pas de printemps pour Marnie. Elle accepte avant de se rétracter. L'opinion publique et la crise franco-monégasque l'en empêchent.
Elle ne tournera plus jamais, se consacrant à ses trois enfants (Caroline, Albert et Stéphanie), à son époux qu'elle adore et à des œuvres de charité. Elle continue néanmoins d'envoyer son bulletin de vote aux Oscars chaque année.
"Cela lui manquait beaucoup de ne pas jouer", avait reconnu le prince Rainier dans une interview à Paris Match en 1990.
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