Le prix Goncourt a été attribué mardi au roman Boussole de Mathias Enard. Un choix hautement symbolique des jurés du Goncourt dans le contexte international actuel car ce livre est un hymne à l'Orient. Un musicologue viennois se souvient le temps d'une nuit de toutes les influences, les fascinations venues d'Orient qui ont enrichi l'Occident, en littérature, peinture, musique ou voyages. Cela donne un roman d'une érudition somptueuse, enchâssé de romans miniatures dont les héros sont ces artistes, ces aventuriers, hommes ou femmes, qui ont tissé le lien entre les 2 rives de la Méditerranée et du Bosphore. "Je suis surpris, très fier, j'avoue que je n'y ai pas vraiment cru. D'ailleurs je ne suis pas sûr d'y croire encore", a déclaré mardi l'écrivain, à l'annonce de sa récompense.
Ce roman demande un effort, mais qui en vaut la peine. C'est un livre qui tire le lecteur vers le haut. On ressort de Boussole plus intelligent, plus cultivé, plus riche qu'on n'y était entré. Il y a notamment des pages admirables sur Palmyre, aujourd'hui saccagée par les djihadistes. Mardi chez Drouant, deux des jurés Goncourt les plus enthousiastes étaient dans l'ordre Régis Debray et Philippe Claudel.
"Le livre est exigeant, mais il rentrera dans l'histoire littéraire. Il réconcilie l'intelligence et l'imaginaire, et il peut aider à faire le pont entre l'Orient et l'Occident, dont chacun sait qu'il est fragile", a expliqué Régis Debray. Pour Philippe Claudel, le livre "montre un Orient riche, érudit, nourricier, alors que l'actualité nous brosse un tableau d'un Orient mortifère. Une des grandes qualités du livre c'est d'exhiber tout ce que l'Orient a apporté à l'Occident. Et c'est quand même un grand roman d'amour et ça, c'est essentiel !" conclut l'écrivain.
Cet amour, c'est celui du narrateur pour l'évanescente Sarah, ils n'ont cessé de s'aimer et de se rater. Un suspense mélancolique que Mathias Énard déploie avec habileté tout au long du livre. L'auteur parle l'arabe et le persan, il a voyagé et vécu en Syrie, au Liban, en Iran. D'où vient cette fascination du Levant chez ce quadragénaire natif de Niort ? Mathias Énard avait livré un souvenir d'enfance au moment de la sortie de son livre.
Le premier livre que je me rappelle avoir emprunté dans une bibliothèque, c'était Les Mille et Une Nuits, raconte Mathias Énard à RTL. Et je revois encore ce livre très volumineux, et les illustrations qu'il contenait, qui me faisaient rêver." Mathias Enard, lauréat du Goncourt 2015 avec Boussole, publié chez Actes Sud.
Quant au prix Renaudot, il a été décerné à Delphine de Vigan pour son roman D'après une histoire vraie, édité par Lattès. A la manière de Stephen King, Delphine de Vigan raconte la relation toxique qui se noue entre une romancière et une admiratrice et livre une variation virtuose sur les frontières du réel et de la fiction. C'est chez elle qu'elle a appris la nouvelle hier. "J'étais chez moi car je rentrais d'un voyage à Nantes, raconte la romancière. Je sortais du train, je déballais mes affaires quand mon éditrice m'a appelée. Je lui ai dit que j'allais faire une crise cardiaque, elle m'a dit 'non, c'est pas le moment'!"
Et puisqu'on est mercredi, on jette un coup d’œil au palmarès RTL-L'Express des meilleures ventes de livres : en attendant l'impact des prix sur ce palmarès, Delphine de Vigan occupe la quatrième place, derrière Le livre des Baltimore de Joël Dicker, Millenium et 2084 de Boualem Sansal.
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